Édito

Aide aux familles: savoir viser juste

Aide aux familles: savoir viser juste
La déduction fiscale sur l’impôt fédéral direct, qui permettrait de déduire davantage de frais par enfant, s’annonce surtout comme un cadeau aux familles les plus aisées (photo prétexte). KEYSTONE
Votations fédérales

Le sprint final a commencé. Des cinq objets fédéraux soumis au vote dimanche, deux se penchent sur le sort des familles et cherchent à leur venir en aide. Déduction fiscale sur l’impôt fédéral direct (IFD) d’une part. Congé paternité de l’autre.

Le premier s’annonce comme un cadeau aux familles les plus aisées; le second mettrait tous les pères sur un pied d’égalité. A ce sujet, quiconque cherchera le terme «congé paternité» sur son bulletin sera déçu: ce vote s’inscrit sous l’abrupte appellation «modification de la loi sur les allocations perte de gain». Une opacité qui, selon les sondages, ne devrait pas empêcher ce congé de passer la rampe. La Suisse rattraperait ainsi son spectaculaire retard sur les modèles européens en vigueur, même si elle resterait en deçà des modèles un tant soit peu progressistes.

Un timide oui s’amorce aussi du côté de l’allègement de l’IFD. Il permettrait aux familles de déduire fiscalement davantage de frais par enfant de moins de 18 ans (de 6500 aujourd’hui à 10’000 francs avec la nouvelle loi) et plus de frais de garde par enfant de moins de 14 ans (de 10’100 à 25’000 francs). Un cadeau qui passerait à côté des 44% des familles ne gagnant pas assez pour être assujetties à l’IFD et qui rapporterait proportionnellement davantage aux plus aisées. On aurait pu trouver mieux pour venir en aide à la «classe moyenne» qui intègre ici les ménages pesant plus de 200’000 francs de revenus. Le tout grèverait les finances publiques de 380 millions de francs annuels.

Par ses promesses, cet objet déploie d’alléchants appâts. Car, en Suisse, la garde d’enfants coûte cher. Combien de foyers s’interrogent-ils: vaut-il mieux renoncer à tout ou partie d’un salaire? Ou en dépenser une bonne partie dans les coûts d’une crèche? Cela, notons, sans que les rémunérations des métiers de la petite enfance ne soient mirobolants ou ce travail éducatif reconnu à sa juste valeur.

Au lieu d’un instrument de politique familiale utilisé à bon escient, l’aide de l’Etat a ici été dévoyée en un cadeau fiscal pour les plus fortunés. Tant qu’à injecter des fonds publics dans l’affaire, la Suisse aurait au moins pu développer un accueil pré et parascolaire financièrement accessible, mieux réparti géographiquement. En misant plutôt sur une hausse des allocations, elle aurait surtout pu cibler celles et ceux qui en ont besoin: les familles qui jonglent avec les fins de mois au lieu de celles qui jonglent avec leurs impôts.

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Dossier Complet

Votations fédérales du 27 septembre 2020

lundi 7 septembre 2020
Les Suisses vont s’exprimer sur l’initiative «Pour une immigration modérée», la loi sur la chasse, la déduction fiscale des frais de garde des enfants, le congé paternité et les avions de combat.

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