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De vrais arguments socialistes…

Des élu-e-s et militant-e-s socialistes genevois réagissent à l’argumentaire purement «technique et financier» employé par certains élus PS aux chambres fédérales contre l’achat des avions de combat. Quid des valeurs antimilitaristes et internationalistes socialistes?
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L’abolition de l’armée figure au programme du Parti socialiste suisse depuis 2010. Les traditions pacifiste, antifasciste et anticolonialiste fondent notre engagement de socialistes inter-nationalistes. Dès lors, à la suite de l’émission Infrarouge du 2 septembre dernier, nous avons été choqués qu’une partie du groupe socialiste aux chambres fédérales revendique une prise de distance par rapport à la base militante – sur laquelle repose sa légitimité – en utilisant des arguments purement stratégiques, techniques ou financiers pour refuser l’achat de nouveaux avions de combat en vue de la votation populaire du 27 septembre prochain.

Selon nous, les arguments antimilitaristes et internationalistes doivent garder la primauté dans ce débat. Pour rappel, acheter des avions de combat, c’est contribuer directement et indirectement au développement de l’industrie de l’armement. Cette même industrie produit des bombes à fragmentation, des bombes nucléaires et des armes de petit calibre! Ainsi, l’achat d’avions de combat n’est pas seulement une question financière et stratégique. Cette dépense somptuaire renforce l’ethos du militarisme, lequel nourrit l’instabilité et l’insécurité du système international dans son ensemble. Plus fondamentalement, ce projet d’acquisition s’appuie sur l’idée qu’il existerait un intérêt national que les autres nations pourraient mettre en danger.

Pour nous socialistes, il est clair que la société est traversée par des clivages sociaux de classe, de genre et de race, indépendants de toute question nationale. Le PS devrait donc s’opposer fermement à tout discours prônant le réarmement au lieu de l’alimenter. Notre budget de défense doit servir à garantir la sécurité collective, à renforcer la prévention des conflits, à financer des programmes de reconstruction, de justice transitionnelle, de santé, de lutte contre le réchauffement climatique. Il est tout à fait possible de penser une politique de sécurité démilitarisée, tournée vers la préparation de la paix et non de la guerre.

Nos députés à Berne doivent faire entendre cette voix. A défaut, ils perdront notre confiance.

EMMANUEL DEONNA, député, Grand Conseil genevois,

AMANDA GAVILANES, députée, Grand Conseil genevois,

PASCAL HOLENWEG, conseiller munici-pal, Ville de Genève,

ALBERT ANOR, syndicaliste SSP et mi-litant PS,

REGIS DE BATTISTA, ancien conseiller municipal et militant PS,

THOMAS BRUCHEZ, ancien porte-parole de la Jeunesse socialiste genevoise,

THIERNO BARRY, conseiller municipal, Lancy,

GABRIEL BARTA, membre de la Com-mission Migration et Genève interna-tionale du PS genevois,

JEAN ZIEGLER, sociologue et ancien conseiller national, PS, Genève

LUIS BUENFIL, militant PS, Genève

WAHBA GHALY, conseiller municipal, Vernier,

JORGE GAJARDO, militant PS,

GUILHEM KOKOT, membre de la Jeunes-se socialiste genevoise,

MELIK ÖZDEN, militant PS,

SALMA SELLE, conseillère municipale, Ville de Genève,

LUCIEN SCHWED, membre du comité de la Jeunesse socialiste genevoise,

MICHEL ZIMMERMANN, militant PS.

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