Édito

Pas de place pour l’omerta

Pas de place pour l'omerta
La décision de la Grande-Bretagne d’extrader ou non Julian Assange, qu’un tribunal a commencé à examiner lundi, aura une immense portée. Keystone
Julian Assange

La décision de la Grande-Bretagne d’extrader ou non Julian Assange, qu’un tribunal a commencé à examiner lundi, aura une immense portée. La première puissance mondiale se fera-t-elle livrer par son allié le plus fidèle l’homme qui a fait connaître ses crimes de guerre au Moyen Orient? Ou la vieille démocratie britannique fera-t-elle rempart contre cette extradition, se souvenant que la liberté d’informer et la recherche de la vérité sont des valeurs cardinales dans un Etat de droit? 

La chasse à l’homme engagée il y a dix ans par les Etats-Unis contre Julian Assange – sous Barack Obama, faut-il le rappeler? – n’a pas d’autre motif: faire un exemple, intimider les éventuels candidats lanceurs d’alerte, les journalistes trop peu compréhensifs avec la raison d’Etat, et les médiactivistes trop entreprenants.

Même les Etasuniens ne croient pas dans leurs propres balivernes, selon lesquelles la divulgation de secrets du Pentagone aurait mis en danger la vie de ses informateurs. N’y aurait-il qu’un seul exemple, qu’un cas malheureux, qu’il tournerait en boucle sur les chaînes d’info! Les crimes dénoncés par Julian Assange, eux, sont bel et bien réels, et n’ont jamais été punis. Mais qu’attendre d’un Etat voyou qui vient de prononcer des sanctions contre Fatou Bensouda, procureure de la Cour pénale internationale, la plus haute instance juridique planétaire, reconnue par 123 pays?

Longtemps silencieuse face à la propagande anti-Assange, la société civile internationale s’est semble-t-il réveillée. Les principales organisations de droits humains et de défense de l’information ont donné de la voix lundi pour exiger la libération de Julian Assange. Des témoins prestigieux vont se succéder à la barre pour faire de ce procès un exemple. Mais pas celui espéré par les Etats-Unis.

L’enjeu dépasse le cas de WikiLeaks. A une autre échelle, le cas de la lanceuse d’alerte de l’Office des poursuites licenciée par l’Etat de Genève que nous révélons aujourd’hui le démontre: l’omerta ne peut avoir sa place dans une société démocratique. 

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