Édito

Traqué comme un chien galeux

Traqué comme un chien galeux 2
Julian Assange en 2016. KEYSTONE
Julian Assange

Une échéance cruciale. Mardi et mercredi, la Haute Cour de justice de Londres se penchera sur le cas de Julian Assange, en lutte pour sa liberté depuis treize ans. Elle dira si le fondateur de Wikileaks peut s’adresser de nouveau à la justice britannique. Dans la négative, le risque d’une extradition vers les Etats-Unis deviendrait d’une actualité brûlante.

Une saisine de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) est certes possible. Mais rien ne dit que Strasbourg accorde un effet suspensif. Et même, si tel était le cas, Julian Assange resterait probablement en prison de haute sécurité où sa santé se dégrade en raison de ses conditions de détention.

Enfin, même en cas de victoire à la CEDH, le risque subsiste que Londres ne respecte pas le verdict et trouve une argutie juridique pour livrer l’activiste à l’Oncle Sam. Dans ce cas, il risque 175 ans de prison…

Mercredi, le Club suisse de la presse a accueilli l’actuel rédacteur en chef de Wikileaks. Une démarche salutaire tant sont graves les persécutions qui frappent le journaliste australien. Cela permet de rappeler qu’au-delà du cas Assange, ce sont des libertés fondamentales qui sont menacées.

Le tort de ce prisonnier politique? Avoir mis en lumière des crimes des Etats-Unis, notamment des pratiques de torture à Guantanamo, en Irak et en Afghanistan. Ou l’exécution de deux journalistes de Reuters en Irak.

Livrer Julian Assange aux Etats-Unis constitue une menace contre la liberté de la presse. Tout journal qui publiera des informations dérangeantes et jugées attentatoires à la sécurité des Etats-Unis risque d’être à son tour traqué comme un chien galeux. Les poursuites contre Assange sont une inquiétante attaque contre la démocratie par deux pays volontiers donneurs de leçon en la matière.

Opinions Édito Philippe Bach Julian Assange

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