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Le climat reprend ses droits

La grève du climat a repris du service vendredi. L’événement national a connu un succès moins important que les éditions précédentes. Reportage à Genève.
Le climat reprend ses droits
A Genève, la manifestation a rassemblé un petit millier de personnes dans un défilé joyeux, quoique moins fourni que lors des éditions précédentes. JEAN-PATRICK DI SILVESTRO
Manifestations

La grève du climat fait sa rentrée! Ce vendredi, plusieurs milliers de personnes ont battu le pavé dans dix-huit villes suisses pour signifier leur désaccord avec la politique climatique des décideurs helvétiques (lire ci-dessous). Eclipsé ces derniers mois par la pandémie, le mouvement n’a pas perdu de son énergie. Les jeunes – et moins jeunes – ont donné de la voix pour rappeler que l’urgence climatique n’a pas disparu en ces temps troublés, bien au contraire.

Ambiance bon enfant

A Genève, la manifestation a rassemblé un petit millier de personnes dans un défilé joyeux, quoique moins fourni que lors des éditions précédentes. Aux environs de 16h30, le cortège rassemblé sur la place des 22-Cantons s’ébranle en direction de la plaine de Plainpalais. En chemin, les «grévistes» s’arrêtent une première fois sur le pont du Mont-Blanc. «Trois pas en avant, trois pas en arrière, c’est la politique du gouvernement», scandent-ils, joignant le geste à la parole en une chorégraphie inédite.

Plus loin sur le chemin, le traditionnel sitting devant les banques UBS et Credit Suisse permet d’étoffer le répertoire de devises. «Moins d’actionnaires, plus d’infirmières» résonne au côté du désormais classique «Les banques et le pétrole, il y en a ras-le-bol!». Aucune action de désobéissance civile n’a lieu ce jour devant les bâtiments bancaires. Mais l’endroit rappelle que des activistes du climat sont actuellement poursuivis en justice. A Genève s’ouvrira le 21 septembre le procès en seconde instance d’un militant condamné pour avoir apposé des mains peinturlurées sur ces mêmes façades.

Virus et climat, même combat

Si l’agriculture paysanne devait être le fil rouge de cette édition, le Covid-19 fait figure d’invité incontournable. Sur une pancarte représentant la Terre encerclée de virus, on peut ainsi lire «La planète a attrapé le capitalisme». Plus qu’une métaphore selon Alice, étudiante au collège Voltaire: «Il existe un lien direct entre le climat et l’épidémie que nous traversons.» Sa camarade Fanny complète: «La pandémie n’est pas due au hasard. Le système dans lequel nous vivons actuellement s’expose à la multiplication des épidémies en participant à la dégradation de nos écosystèmes.»

Du confinement, les deux jeunes femmes, bien que désappointées, tirent des enseignements positifs: «On a démontré qu’il était possible d’arrêter l’économie dans un cas de force majeure. Visiblement, les politiques ne comprennent pas que le climat, lui aussi, est une urgence de première ordre», regrette Fanny. Et de constater avec amertume que les élans du mouvement «Pas de retour à l’anormal» se sont heurtés aux vieux écueils. «Je suis apeurée de constater que même cette crise ne nous a pas permis de rebondir différemment. Que les mesures de soutien touchent l’aviation et les grosses compagnies prouve que rien n’a changé», déplore la collégienne.

Le coronavirus a sans doute joué un rôle dans la faible affluence de ce vendredi après-midi. Malgré les mesures de protection adoptées par les participants, dont le masque obligatoire, certains ont renoncé à venir au vu de la situation sanitaire incertaine. «Je comprends que les personnes à risque, ou dont les proches sont à risque, ne viennent pas. Je suis aussi là pour les représenter et porter leur voix», assure une autre collégienne, Malika.

Violet et vert fusionnent

De cette nouvelle édition de la grève du climat, notons encore la convergence affichée avec les mouvements féministes. En chanson et en percussion, le bloc féministe rappelle les similarités entre les oppressions subies par les femmes et la destruction de la nature, «deux formes de domination qui découlent des mêmes mécanismes». Si la présence d’un groupe éco-féministe dans le cortège de la Grève du climat n’est pas nouveau, sa présence résonne tout particulièrement dans cette édition consacrée à l’agriculture paysanne.

«Environ 43% de la main-d’œuvre agricole mondiale est composée de femmes. Le système capitaliste, néo-libéral et patriarcal exige pourtant que les tâches productives et reproductives qui leur sont assignées soient invisibilisées et dévalorisées», explique l’une des militantes dans le discours de clôture de cet événement. Et de conclure: «Ni les femmes, ni la terre, ne sont des territoires de conquêtes.»

Sur ces entrefaites, la foule peu à peu se désolidarise. Certains traînent encore quelques instants devant les stands d’information montés pour l’occasion sur la plaine de Plainpalais. Mais déjà, les esprits des grévistes du climat voient plus loin: une semaine d’action nationale est prévue du 20 au 25 septembre prochain.

Le retour de la grève du climat

Pour la première fois depuis le début de la pandémie du Covid-19, le mouvement de la Grève du climat est redescendu vendredi dans les rues de Suisse. Des rassemblements ont eu lieu dans 18 villes, réunissant au total quelques milliers de personnes, surtout des jeunes.

Des cortèges ont défilé, principalement l’après-midi, à Berne, Fribourg, Zurich, Uster, Davos, Lucerne, Lausanne, Saint-Gall, Interlaken, Genève, Neuchâtel, Delémont, Schaffhouse, Altdorf, Bâle, Olten, Bienne ou encore à Winterthour.

Les gens ont «un intérêt direct à avoir un avenir sur une planète habitable», ont déclaré les organisateurs. Le mouvement se sent abandonné par les politiques, pas entendu ni assez écouté. «Nous avons été insultés et ridiculisés par la droite, utilisés et trompés par les partis de gauche», ont-ils déploré.

Les différents mouvements climatiques tels que Collective Climate Justice, Extinction Rebellion, la Grève du climat et le Collectif BreakFree ont travaillé ensemble pour la première fois.

Mobilisations pacifiques

Vendredi dans les rues helvétiques, les rassemblements se sont déroulés de manière pacifique. Ils n’ont que peu souvent dépassé les 500 personnes, n’atteignant ainsi sans doute de loin pas les 10’000 personnes au total dans tout le pays, selon Keystone-ATS.

C’est à Zurich que l’affluence a été la plus élevée, avec un peu plus d’un millier de personnes manifestant dans les rues en fin d’après-midi. Elles ont réclamé une baisse des émissions de CO2 et davantage de mesures pour protéger le climat.

800 personnes à Lausanne

Lausanne, souvent surnommée la «capitale du climat» a mobilisé 800 personnes, surtout des jeunes. Elles ont défilé dans la bonne humeur pendant environ une heure de la gare au centre-ville, direction l’habituelle place de la Riponne, sur un trajet balisé et escorté par la police. Celle-ci n’a signalé aucun incident.

Sur les banderoles et pancartes, on pouvait lire des slogans tels: «Je ne veux pas aller sur Mars», «Croissance infinie dans un monde fini», «Penser le changement pas changer le pansement» ou encore «Elu-e-s Bougez-vous le Q…i!». Dans le cortège relativement compact, pratiquement tous les participants portaient un masque, rendu obligatoire par les organisateurs, comme partout en Suisse.

A Genève, environ 600 personnes ont défilé en fin d’après-midi pour demander des actions concrètes contre les dérèglements climatiques. Beaucoup de jeunes ont pris part au cortège, qui avait une touche très féminine. La banderole de tête annonçait la couleur, demandant de court-circuiter le système, pour favoriser une alimentation locale.

Les manifestants se sont mis en marche près de la gare de Cornavin. Le cortège a traversé le pont du Mont-Blanc, complètement interdit à la circulation pour l’occasion, avant d’embouquer les rues commerçantes. Les «grévistes» ont achevé leur parcours sur la plaine de Plainpalais.

En musique à Fribourg

A Fribourg, ce sont quelque 150 personnes, masquées aussi, qui se sont réunies sur l’emblématique place Georges-Python. Les organisateurs ont notamment présenté leurs revendications cantonales. Le mouvement Grève du climat Fribourg avait sinon concocté un programme comprenant musique, ateliers, repas et prestations artistiques.

A Bâle, ils étaient environ 500 personnes à manifester, là aussi masquées. Les jeunes participants ont défilé dans le calme en début d’après-midi. Ils se sont en outre prononcés contre la construction d’un nouveau bassin portuaire dans la cité rhénane, destiné au Terminal trimodal.

Désobéissance civile à Berne

Après les manifestations de vendredi, d’autres actions de désobéissance civile non-violente et de masse sont prévues, notamment du 20 au 25 septembre à Berne avec plusieurs collectifs. Les grévistes climatiques veulent ainsi «enfin être pris au sérieux».

Dossier Complet

La grève du climat

La grève du climat

Depuis janvier 2019, en Suisse et ailleurs en Europe, les jeunes se mobilisent pour alerter l'opinion publique sur le réchauffement. Les procès climatiques de ces activistes se succèdent aussi.