Légitime débat sur le casque à vélo
Les têtes intelligentes se protègent. Le slogan du Bureau de prévention des accidents (BPA) visant à promouvoir le port du casque chez les cyclistes est ressassé depuis des années. Mais il touche à ses limites. L’essor du vélo électrique a vu, la semaine passée, le Conseil fédéral proposer de le rendre obligatoire pour les deux-roues électriques roulant à 25 km/h (actuellement, il est déjà prescrit pour les 45 km/h).
Une proposition qui a suscité moult réactions hostiles chez les adeptes de la petite reine. Jusqu’aux associations de défense de la mobilité douce qui ont dit leur réticence extrême. Avec certains arguments qu’on peut entendre. A terme, le port du casque ne risque-t-il pas d’être imposé pour le vélo classique et, partant, constituerait ainsi un obstacle à la généralisation de ce type de déplacements tellement souhaitable?
Mais on a aussi vu des réactions qui sortaient du cadre rationnel. Avec parfois une certaine mauvaise foi. Dire que le problème est ailleurs et que l’unique réponse légitime tiendrait dans le développement de pistes cyclables, comme on a pu l’entendre, est un peu inquiétant. Il faut évidemment faire les deux. L’un n’empêche pas l’autre. Et la question du port du casque, y compris pour les vélos mus par un moteur beefsteak, ne doit pas être un tabou.
Nier le risque – même s’il est vrai que les statistiques font défaut et tiennent trop souvent du slogan, par exemple «un casque réduit de 50% les blessures à la tête» – est un peu court. Reste qu’il suffit de parler avec des professionnels de la santé pour se convaincre que les risques sont encore grandement sous-évalués: une chute à plus de 20 km/h peut tuer.
Cette nervosité face à la volonté de se protéger la tête a aussi une part d’irrationnel. Le port de la ceinture de sécurité dans la voiture a divisé les Suisses. Il est aujourd’hui admis. Le casque à ski s’est généralisé et c’est heureux. Et la crise du Covid-19 voit des dérapages honteux de personnes qui refusent de se conformer aux directives et qui se permettent d’invectiver les malheureuses vendeuses et autres cafetiers qui doivent bien les rappeler à l’ordre.
Sans doute que ces directives heurtent notre individualisme, elles s’immiscent dans notre sphère privée. Elles peuvent même se transformer en acte politique comme on le voit avec la campagne antimasque de certains tenants de Donald Trump. Celles et ceux qui revendiquent le droit de rouler tête nue comme un geste identitaire devraient tout de même se demander s’ils ne sont pas en train de se comporter comme un de ces dévots surexcités qui croisent dans le sillage du président orange.