L’Himalaya au pied du Muveran
Lorsque tout s’arrête à cause de la pandémie, que fait une petite ONG suisse, fondée en 1998, qui continue de soutenir les villageois d’une vallée perdue de l’Himalaya indien? Eh bien, elle organise «à l’arrache» une nouvelle édition d’«Itinérance»: une exposition en pleine nature qui permet aux visiteurs de découvrir la région du Zanskar au travers de photographies grand format, sur bâches de deux mètres sur trois, à l’orée d’une forêt, au détour d’un sentier ou d’une ruelle. L’Association Rigzen-Zanskar (ARZ) organise depuis 2015 de telles expositions pour se faire connaître et rechercher le soutien financier nécessaire à la pérennité de sa réalisation-phare: une école pour les enfants de cette haute vallée himalayenne, qui accueille depuis vingt ans 250 filles et garçons locaux défavorisés de 4 à 14 ans.
Cette année, le concept d’exposition en plein air revêt un intérêt particulier: il évite de concentrer les visiteurs et permet aussi de voyager très loin sans quitter la Suisse. De quoi mettre en parallèle le vallon alpin des Plans-sur-Bex et la vallée himalayenne du Zanskar dans une perspective double sur la nature et la vie à la montagne. Et admirer en grand format de saisissantes scènes de la vie ordinaire des Zanskarpas, de culture bouddhiste tibétaine, tout en se promenant le long de la pittoresque et souvent spectaculaire rivière l’Avançon, entre les Plans-sur-Bex et Pont-de-Nant.1>Départ de l’expo au téléski des Plans-sur-Bex, chemin de Pont-de-Nant «par les Echelles». Info: www.rigzen-zanskar.org
Avant d’accueillir les visiteurs-randonneurs, les tâches n’ont pas manqué à l’association: demandes d’autorisation à la Commune de Bex et à l’Etat de Vaud, choix des photographies du fonds de l’ARZ et de nouvelles prises de vue effectuées l’année dernière, réalisation des bâches, envois, publicité, guide de l’exposition, appel aux bénévoles, accrochage dans les arbres au-dessus des rives abruptes du cours d’eau, etc. Et puis, un beau matin de juillet, l’on se rend compte que la magie opère: l’ombre portée des branchages, les jeux de lumière du soleil levant, le décor coloré des feuillages, le dialogue des montagnes d’ici et de là-bas, tout enchante l’œil des chevronnés comme des béotiens de l’Himalaya. Si l’on s’était plusieurs fois demandé pourquoi consentir de tels efforts pour un si simple événement, la réponse apparaît alors dans toute son évidence au travers des rencontres avec les visiteurs et les habitants du vallon. Par les conversations échangées, les émotions et les souvenirs partagés, la réflexion initiée sur l’autre, l’ici et l’ailleurs, les gestes inattendus de générosité, les coups de cœur, les sourires complices…
La raison d’être de l’engagement humanitaire et des élans multiples de solidarité qui se sont manifestés ces derniers mois s’illustre ici dans toute sa dimension. Prendre le risque de s’ouvrir à son alter ego donne soudain du sens à une période d’apparence plus que jamais absurde et insensée. Cette lueur se manifeste jusque dans des détails des plus concrets, en apparence anecdotiques mais révélateurs. Ainsi, sachez par exemple que la gendarmerie vaudoise a accepté notre requête d’être exemptés de l’émolument de 70 francs dû pour l’autorisation cantonale d’organiser notre manifestation!
Venez donc visiter Itinérance 2020, jusqu’au 20 septembre aux Plans-sur-Bex.
Notes
Pour le comité de l’Association Rigzen-Zanskar (ARZ). Yvan Cruchaud est l’auteur d’une série de chroniques, «A l’école au Zanskar», publiée de février à juillet 2019 dans Le Courrier.
Une soirée de soutien aura lieu vendredi 18 septembre à l’Auberge de Pont-de-Nant, aux Plans-sur-Bex.