Édito

Maudet, le maudit

MAUDET, LE MAUDIT
Pierre Maudet, conseiller d'Etat genevois. KEYSTONE/Salvatore Di Nolfi
Politique

Le divorce entre le Parti libéral-radical genevois et son ancien champion Pierre Maudet est-il acté? L’exclusion prononcée lundi par le comité directeur était attendue, au point que le conseiller d’Etat n’a pas jugé bon de se déplacer pour plaider sa cause. De fait, l’ampleur du rejet exprimé par les dirigeants du PLR est massive, impossible à expliquer par un pseudo-complot des crypto-libéraux contre les ex-radicaux. Pour autant, l’homme a de la ressource, et il est possible qu’il tente encore un baroud d’honneur devant les membres du parti, l’instance de recours.

Pour rappel, ceux-ci lui avaient accordé leur confiance en Assemblée générale il y a dix-huit mois. Mais l’on sait désormais que Pierre Maudet se retrouvera sous peu en audience devant ses juges. Une position inconfortable pour un conseiller d’Etat mais aussi pour le PLR. D’où la nécessité de bâtir à la hâte une barrière sanitaire entre ce dernier et son grand malade politique.

Comme prétexte, la formation a pu s’appuyer sur la récente révélation de messages entre le magistrat et l’un de ses lieutenants, Simon Brandt, esquissant un tableau pathétique où le duo complote dans le dos du parti, entre allégeances occultes et modifications de PV la nuit tombée.

On aurait pourtant préféré voir M. Maudet sanctionné par ses pairs pour des manquements autrement plus graves à l’éthique politique, comme son incapacité à mesurer la différence entre intérêts personnels et bien public, entre relations interpersonnelles et conduite de l’Etat.

La publication par la RTS dimanche des échanges entre M. Maudet et les procureurs montre ainsi un conseiller d’Etat très prévenant à l’égard de l’un de ses sponsors politiques – le groupe Manotel – qui en cinq ans a dépensé quelque 100’000 francs pour soutenir ses campagnes politiques. Entre 2015 et 2017, Pierre Maudet et son bras droit Patrick Baud-Lavigne entretiennent des échanges réguliers et discrets avec le directeur de Manotel, Paul Muller, alors qu’au même moment la Police genevoise, alors sous la tutelle du magistrat PLR, préavisait l’attribution de nombreux marchés publics à la chaîne hôtelière.

Des relations dangereuses qui effraient moins le parti des lobbies économiques que de voir des clans se disputer la caissette du parti. Evidemment.

Opinions Édito Benito Perez Politique

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