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Un travail de mémoire nécessaire

Susanne Hagemann réagit à un article du 15 juin sur une proposition de motion de la gauche genevoise qui demande un inventaire des figures qui ont encouragé le racisme ou le colonialisme.
Patrimoine

Merci beaucoup pour votre article qui évoque le problème de la mémoire d’une ville comme Genève qui prétend promouvoir les droits humains dans le monde. Je ne suis pas du même avis que Mme de Freitas de maintenir des rues aux noms de racistes avec une note historique sur une plaque, qui, par ailleurs, ne figurera pas sur les envois postaux. Nous manquons cruellement de lieux de mémoire représentant les femmes, des minorités, des mouvements comme celui de la Grève des femmes, représentant les droits humains dans nos rues, nos places, nos parcs. Il est temps pour les racistes et autres personnalités peu recommandables de céder leur place.

Pourquoi ne pas renommer des rues consacrées aux racistes par des rues aux noms de femmes qui n’ont pas un passé entaché par le racisme et d’autres violations de droits humains? On pourrait par exemple remplacer le nom de la rue et la statue de Carl Vogt à l’entrée de l’université de Genève par une femme comme Lina Stern, pionnière renommée de la recherche en neurologie et en biochimie, spécialiste de maladies infectieuses de l’université de Genève qui a été emprisonnée et exilée pour actes terroristes, et anti-fascistes sous Staline. voir: https://www.researchgate.net/ publication/5430320_Science_and_ Fate_Lina_ Stern_1878-1968_A_ Neurophysiologist_and_Biochemist et https://fr.wikipedia.org/wiki/Lina_ Stern. Ou mieux encore renommer UniMail en Uni-Stern? C’est une personnalité qui mérite certainement autant de visibilité que le général Dufour (cf. UniDufour). Il existe un bâtiment Stern aux HUG , mais il n’a que peu de visibilité.

On pourrait aussi voir si d’autres personnalités féminines pourraient convenir. Pourquoi n’aurions-nous pas un monument commémorant la grève du 14 juin à la plaine de Plainpalais qui célèbre la manifestation de 20’000 à 75’000 personnes en 2019, ainsi que l’histoire de la grève nationale des femmes en 1991 qui a porté Ruth Dreifuss au Conseil fédéral et promu la votation de la loi de l’égalité hommes-femmes en 1996? Toutefois, au-delà du choix des noms de rues ou des statues, il me paraît important de nous engager dans un travail de mémoire global concernant la représentation de l’histoire de notre ville dans l’espace public pour ouvrir le débat sur les valeurs que nous défendons.

Susanne Hagemann, Genève

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