Édito

Un geste contre l’huile de palme

Un geste contre l’huile de palme 2
La culture des palmiers à huile est particulièrement délétère pour la biodiversité et l’orang-outan. Cette photo a été prise dans un centre de soins, à Sumatra. KEYSTONE
Huile de palme

Pourquoi la Suisse favoriserait-elle l’importation d’huile de palme, ce produit mauvais pour la santé, dont la production génère une immense déforestation, l’émission de tonnes de CO2 et des violations graves des standards internationaux du travail – à commencer par le travail forcé des enfants? La réponse tient en deux mots: pour l’économie. Heureusement, il reste quelques jours pour signer le référendum qui permettra à la population d’inverser la tendance1>Fiches à télécharger sur nein-zum-freihandel.ch et à renvoyer par poste jusqu’au lundi 8 juin.. Si Berne a validé, en décembre, un accord de libre-échange avec l’Indonésie, c’est en lorgnant les 260 millions d’habitant-es de ce pays, un marché juteux pour que la Suisse y exporte ses services financiers et d’assurance ainsi que ses produits phares en échange d’immenses rabais sur les taxes douanières en Suisse pour l’huile de palme. Un texte similaire pourrait être signé avec la Malaisie.

Le bilan écologique aurait à lui seul dû torpiller cet accord. La culture des palmiers à huile est particulièrement délétère pour la biodiversité et l’orang-outan, qui ne vit plus à l’état sauvage qu’à Sumatra et à Bornéo, en est la première victime. De plus, les incendies causés par la déforestation et l’assèchement des tourbières émettent d’énormes quantités de CO2 – un milliard de tonnes en 2015 pour l’Indonésie.

Après avoir assuré la bouche en cœur être en phase avec les revendications des jeunes pour le climat, les parlementaires helvétiques ont su retrouver leurs fondamentaux. On ne feindra pas la surprise: entre les intérêts de l’industrie exportatrice ou ceux de la population – tant suisse qu’indonésienne –, le choix est vite fait sous la Coupole à dominance bourgeoise. Pis. Des voix de gauche ont avalisé le texte au prétexte des «garanties» dans le chapitre «développement durable» de l’accord. Et tant pis pour les avertissements des ONG sur l’insuffisance des contrôles et sanctions. Ainsi, les élu-es passent à côté des exigences citoyennes de plus en plus fermes en matière de protection de l’environnement, de respect des droits sociaux et de transparence financière.

La population a le moyen de mettre un coup d’arrêt à cet accord. Jeudi, il manquait encore 3000 signatures pour déposer le référendum. Restera à défendre ce sujet en votation populaire. Pour que prévalent les principes de production socialement responsable, durable et locale, les seuls à même de lutter contre la crise climatique et de remettre les droits humains au cœur de nos politiques publiques.

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