Édito

Les USA ne peuvent plus respirer

racisme  extraordinaire
L’homicide à Minneapolis de George Floyd, un Afro-Américain de 46 ans, par un policier blanc déjà signalé pour usage excessif de la force, constitue l’énième soubresaut d’une longue et tragique histoire de la violence sociale contre les Noirs aux Etats-Unis. Keystone
États-Unis

L’homicide à Minneapolis de George Floyd, un Afro-Américain de 46 ans, par un policier blanc déjà signalé pour usage excessif de la force, constitue l’énième soubresaut d’une longue et tragique histoire de la violence sociale contre les Noirs aux Etats-Unis. Si les victimes du racisme ordinaire et de la brutalité policière ne sont pas qu’américaines – songeons aux décès, en 2016, du jeune Adama Traoré, de Mike Ben Peter, un Nigérian de 40 ans, à Lausanne en 2018, ou encore, ce samedi, celui d’Iyad Al-Khalak, Palestinien autiste abattu par la police israélienne – c’est bien aux Etats-Unis plus qu’ailleurs, que le noir est la couleur du désespoir.

Entre 2015 et 2020, près de 1200 Afro-Américains ont été abattus par les forces de police, selon le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples. Avec une justice à deux vitesses où la couleur de la peau et la situation sociale jouent un rôle prépondérant. L’ONG française rappelle que les Afro-Américains représentent un tiers des détenus au sein des prisons fédérales alors qu’ils ne constituent que 12% de la population. Ce sont eux aussi qui, aujourd’hui, payent le plus lourd tribut à la crise économique et sanitaire liée au Covid-19.

Face aux plus importantes émeutes de son mandat, et à quelques mois de l’élection présidentielle, Donald Trump a mis de l’huile sur le feu. Comme à son habitude. En 2017, après l’attentat meurtrier de Charlottesville, il avait jugé qu’il y avait «des gens très bien des deux côtés», chez les antifascistes comme chez les suprémacistes blancs. Cette fois, le locataire de la Maison-Blanche a fustigé la mouvance antifasciste, désignée comme «organisation terroriste», et prévenu que lorsque «les pillages commencent, les coups de feu aussi». Une attitude irresponsable qui a décomplexé une partie des citoyens américains et fait sauter le tabou de la haine raciale.

Ce qui n’empêche pas les rassemblements au cri de «Black Lives Matter» («La vie des Noirs compte») de se poursuivre. Fruits d’une colère ancienne et refoulée, ils réclament la justice dans un pays gangrené par les inégalités. «Si vous appelez à la fin des protestations, alors vous devez exiger que l’accès à la santé soit un droit humain, que la police rende des comptes, la fin des discriminations au logement, a parfaitement résumé la démocrate Alexandria Ocasio-Cortez. Sinon tout ce que vous demandez c’est la poursuite de l’oppression silencieuse.»

Opinions Édito Christiane Pasteur États-Unis

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