Édito

Pour une mobilité qui ne déraille pas

Pour une mobilité qui ne déraille pas
En toute urgence, le canton du bout du lac a annoncé mercredi tracer quelques pénétrantes vers des sites stratégiques, comme l’université. JPDS/ARCHIVES
Mobilité

Les cantons auront l’obligation de créer des pistes cyclables. Le Conseil fédéral a mis mercredi en consultation un projet de loi sur les voies dévolues aux vélos. Concrétisation de l’acceptation par les Suisses, le 23 septembre 2018, d’un arrêté fédéral donnant à la Confédération des prérogatives en matière de promotion de cette forme de mobilité douce.

De fait, la Suisse a du retard à combler, en tous les cas par rapport aux pays du nord de l’Europe. Quiconque a pratiqué la petite reine dans des régions comme les Pays-Bas ne peut être que saisi par les efforts fournis par ces pays pour trouver des alternatives à l’envahissante voiture: des quasi-autoroutes à vélos pour traverser le pays en touriste, des parkings devant les gares pouvant accueillir des milliers de deux roues, etc. On en est loin en Helvétie. La crise du Covid-19 le montre encore ces jours-ci, alors que les transports publics ne peuvent fonctionner à plein rendement – distanciation spatiale oblige. Il devient urgent de riper une partie de ces pendulaires sur le vélo. Si la topographie rend certaines villes moins adaptées, ce n’est en aucun cas un prétexte pour des centres urbains comme Genève.

En toute urgence, le canton du bout du lac a annoncé mercredi tracer quelques pénétrantes vers des sites stratégiques, comme l’université. En supprimant des places de parking. C’est donc que c’est possible, alors que pendant des lustres, cela a été présenté comme une mission impossible. Garer quelques voitures le long des quais ou faire passer des cyclistes dans de bonnes conditions: le choix devrait être vite fait. Mais non. Les partis bourgeois continuent de manifester un attachement freudien à l’automobile. Jusqu’à chercher à verrouiller dans la Constitution toute suppression de place de parking. Combien de fois des occasions de sécuriser les parcours des deux roues ont-elles été manquées ces dernières années? Avec, chaque fois, de bonnes excuses. Cela se paie cash et souvent en vies humaines immolées au Dieu Moloch de la bagnole.

Espérons que le droit fédéral remettra un peu de bon sens dans cette politique qui pêche par pusillanimité. Car le temps est compté si l’on veut un tant soit peu se rapprocher des objectifs climatiques que la Suisse s’est engagée à respecter. Et l’on voit ces jours-ci, en termes de qualités de vie, à quel point la mobilité durable est une objection indispensable.

Opinions Édito Philippe Bach Mobilité

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