Contrôle social
La nouvelle a été révélée mercredi sur le site internet du journal Le Temps: Swisscom aidera la Confédération à détecter les attroupements via les téléphones cellulaires. L’opérateur en mains fédérales identifiera les espaces publics comptant au moins vingt cartes SIM. Le but étant de rendre visibles des périmètres où des attroupements dérogeant à l’interdiction de se rassembler dans des groupes comptant plus de cinq personnes se tiennent.
Oh, des cautèles ont été mises à cet espionnage électronique. Les données seront anonymisées – l’heure où le contrevenant recevra sa bûche en direct sur son téléphone n’a pas encore sonné – et décalées dans le temps. Elles seront transmises vingt-quatre heures plus tard. Pour l’instant, pas de Robocop qui viendrait, taser au poing, disperser les rétifs au confinement. Bref, la forme semble avoir été un minimum respectée, même si la base légale de ce mouchardage mériterait d’être questionnée.
Mais tout cela a un mauvais relent de Big Brother. Dans un premier temps, on nous présente ces dispositifs comme répondant à une impérieuse nécessité: lutter contre le Covid-19 ou, pour prendre l’exemple israélien où ces pratiques sont déjà bien implantées, contrer le terrorisme. Une fois le système en main, il sera tellement tentant de le faire évoluer vers autre chose. En Chine, cette technologie est déjà utilisée à des fins de contrôle social.
La crise sanitaire risque de donner naissance à une dérive en matière de libertés publiques. Et il convient de ne pas laisser la bride sur le cou d’autorités qui ont, à réitérées reprises, montré qu’elles avaient l’abus facile en la matière.