Toutes les excuses sont bonnes
Brider la production d’engins de morts: mais vous n’y pensez pas! Le National a entamé mercredi les débats portant sur une initiative du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) visant à interdire le financement des producteurs de matériel de guerre dans le monde. Selon ce texte, les institutions de prévoyance ainsi que la Banque nationale suisse (BNS) ne pourraient plus acheter des actions ou des emprunts d’entreprises réalisant plus de 5% de leur chiffre d’affaires annuel avec ce type de matériel.
Une proposition a priori des plus raisonnables. Les caisses de retraite ont souvent déjà intégré des critères éthiques et renoncent à financer la prévoyance des Suisses grâce à cette funeste industrie. Et demander à la BNS de faire preuve d’un minimum de dignité dans ses investissements semble évident. Mais restons prudents sur ce dernier argument: la surdité de notre banque centrale par rapport à la question climatique – elle qui n’aime rien tant que l’industrie pétrolière – semble bien indiquer que le long terme est le dernier de ses soucis. En cela, l’initiative du GSsA est non seulement moralement juste, elle impulserait aussi une orientation plus durable à la politique monétaire suisse.
Mais, visiblement, ce souci est à mille lieues des préoccupations du parlement fédéral. Mercredi, le lobby des canons y a fait montre de son enthousiasme guerrier. L’initiative du GSsA serait difficile à appliquer, ne rendrait pas le monde plus pacifique et saperait le moral de nos PME.
Un spectacle attristant mais qui s’inscrit dans la droite ligne de la volonté – pour l’heure entre parenthèses – du Conseil fédéral de libéraliser le commerce des engins de guerre, y compris vers des pays qui violent gravement les droits humains. Le vote final du National intervient ce jeudi. Mais le temps n’est pas aux illusions.