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Duplicité helvétique

Revenant sur la conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP 25) de décembre dernier à Madrid, Léon Meynet qualifie les positions du Conseil fédéral de «douteuses» et plaide en faveur de l’initiative «Pour des multinationales responsables».
Climat

A l’issue de la COP 25 à Madrid, vous relatez, dans votre édition du 16 décembre1>Cf. Aude Massiot (Libération),
«La déception est de mise à Madrid», repris dans l’édition papier du Courrier du 16 décembre 2019.
, les regrets de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) concernant la non-adoption d’une règle relative aux mécanismes de marché permettant d’exclure un double comptage des réductions d’émissions réalisées à l’étranger. Et Simonetta Sommaruga de renchérir sur Twitter: «Je suis déçue des résultats de la conférence mondiale sur le climat. Nous avons fait campagne pour des règles de marché claires qui fonctionnent vraiment. La Suisse est désormais d’autant plus encouragée à prendre des mesures fortes de protection du climat chez elle».

Ben voyons – tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Elle n’a même pas peur des contradictions, notre chère conseillère fédérale qui, avec ses collègues, fait des pieds et des mains pour repousser la votation populaire «Multinationales responsables» et en édulcorer le contenu par un contre-projet encore dans les limbes. Qu’à cela ne tienne, le Conseil des Etats est venu à sa rescousse deux jours plus tard (le 18 décembre) en adoptant son contre-projet-alibi pour sauver la mise de ces grands pollueurs et violeurs de droits humains. Il n’a fait rien d’autre que donner son blanc-seing à leurs exactions en les invitant à rédiger chaque année un état de situation (reporting) sur papier glacé. Oui, vous avez bien lu, rien de moins!

Ainsi des multinationales comme Glencore ou Syngenta pourront continuer à violer impunément les droits humains, saccager la planète et polluer les ressources naturelles en faisant preuve de leur bonne foi sur «papier glacé»!
Il faut quand même savoir que le lobby des multinationales, qui a engagé 8 millions de francs suisses dans la campagne contre l’initiative – majoritairement plébiscitée par les citoyennes et citoyens à l’heure actuelle – entend initier un nouveau marché de dupes avec la complicité de la Confédération sur le principe suivant: faire avaler la pilule à la population que l’initiative pour des multinationales responsables n’est plus nécessaire pour mieux les soustraire à leurs responsabilités.

De qui se moque-t-on?

Ne nous laissons pas leurrer et, plus que jamais, mobilisons-nous pour arrêter et faire passer à la caisse les vrais responsables de la destruction du Vivant. Il n’y a pas une minute à perdre, pas une hésitation à avoir pour dire «oui» aux multinationales responsables et «non» au business as usual. Car c’est bien notre survie sur cette planète qui est en jeu.

Léon Meynet,
Chêne-Bougeries (GE)

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