Un vendredi pas si noir que ça
La machine à décérébrer va fonctionner à plein régime. Ce vendredi débutera le grand sabbat de la consommation, le Black Friday. Au départ, on avait une innocente activité née aux Etats-Unis: Thanksgiving est une fête familiale majeure, un jour de congé dans un pays sans vacances, souvent suivie d’une balade le lendemain. L’occasion de faire quelques cadeaux…
Cela a été avalé, digéré et régurgité par la machine à cash capitaliste. Chaque année, des images hallucinantes de meutes de morts-vivants envahissant des magasins et prêts à se battre pour telle ou telle bonne affaire surgissent sur la toile. La globalisation marchande d’internet fait le reste; par capillarité numérique, cet étrange phénomène étasunien établit désormais ses tranchées chez nous aussi. Une illustration par l’absurde de l’aliénation marchande qui annihile jusqu’à la personnalité de chacun.
Impasse environnementale
Cette dictature de la consommation est non seulement moralement mutilante, elle illustre aussi l’impasse environnementale dans laquelle se trouve le système économique. Celui-ci doit impérativement croître, offrir des nouvelles marchandises, créer des besoins encore inconnus hier. Mais cela a un prix social et, surtout, environnemental. Les limites du système marchand sont devenues très concrètes. L’hypermobilité des biens qui font trois fois le tour de la Terre avant d’atterrir dans nos échoppes hypothèque le climat, épuise les ressources naturelles et pollue l’environnement. A un moment, la machine se grippe.
Logiquement, les mouvements de grève climatique impulsés par la jeunesse font le lien entre l’hyperconsommation et l’impasse climatique. Ils vont se mobiliser ce vendredi dans plusieurs villes romandes. Des actions d’agit-prop sont annoncées.
Cohérence des grévistes
Saluons ce retour à la raison et le fait qu’il soit porté par des jeunes. Cela mettra un brin de sable dans les rouages de l’économie, obligera à des moments de réflexion et participera à la conscientisation politique d’une génération en devenir politique.
Des ricanements s’étaient fait entendre face aux grèves du climat, «animées par des donneurs de leçon alors que c’est aussi la génération Easy Jet». Or, au contraire, on constate chez ces militants une cohérence plus marquée que ce que veulent bien admettre ces râleurs: nombreux sont celles et ceux qui militent pour une alimentation moins carnée, pour des déplacement plus verts et qui se fournissent dans des friperies dans un souci de durabilité. C’est aussi ce message que l’on entendra ce vendredi pas si noir que ça.