Une occasion à saisir
Genève a mal à son aménagement et, plus largement, refuse un certain type de croissance exacerbée. Le scrutin de ce dimanche montre une défiance certaine à l’encontre de ses autorités: une initiative qui exige un pilotage démocratique de l’aéroport a largement passé la rampe; et deux projets d’aménagement contestés sont sur le fil du rasoir au point qu’un recomptage est nécessaire.
Force est de constater que face à la contestation d’un certain modèle de développement, le ton est au déni du côté des autorités genevoises, voire de certains partis et lobbies. Mais le chantage au logement à tout prix ne marche plus. Plusieurs dossiers ont échaudé les Genevois: l’opération spéculative de la Tulette, l’hyperdensification des terrains de l’ex-caserne des Vernets ou le très discutable résultat du pseudo-écoquartier dit «du Carré Vert» à la Jonction instillent une sérieuse dose de méfiance au sein de la population. Celle-ci défend sa qualité de vie et refuse la dégradation de son environnement. A fortiori si c’est pour y construire des bureaux.
Et surtout, la grève du climat est passée par là. La jeunesse est descendue dans la rue pour protester contre l’inertie coupable de nos édiles face à l’urgence climatique. La croissance exponentielle de Genève-Cointrin en fait aussi les frais. Et c’est tant mieux pour le climat ainsi que pour les riverains qui n’en peuvent plus des nuisances.
C’est un modèle de société qui a été –modestement, ne rêvons pas trop tout de même– ébranlé ce week-end. Un projet politique qui tient davantage de la fuite en avant que d’un véritable choix de civilisation. La croissance comme moteur de nos économies appartient au passé. Ce qui prime, c’est le maintien des taux de profit qui permettent au capital de se reproduire. Le partage des richesses a vécu, les inégalités se creusent. Et, structurellement, les limites du système capitaliste sont atteintes. Il faudra bien inventer autre chose. Autant s’y mettre tout de suite, ensemble et démocratiquement. L’avenir est à ce prix. Il peut d’ailleurs être désirable et convivial.
Mais ce genre de rupture nécessite une mobilisation sur la durée pour faire évoluer les mentalités. Ainsi, l’écart minime sur le Pré-du-Stand est révélateur des pesanteurs du passé. Sans le PS qui a sorti ses éléphants du placard, ce douteux montage ne passait pas la rampe. Les roses ont intérêt à se réveiller et à faire leur aggiornamento. Sans cela, ils continueront à perdre des plumes, comme on a pu le voir lors des élections nationales.