Les femmes disent stop
Des décennies de luttes féministes, la vague #metoo ou encore la grève du 14 juin qui a drainé un demi-million de manifestantes dans les rues de Suisse ne suffisent pas: la parole des femmes reste dépréciée. Il faut donc des chiffres, toujours des chiffres, pour s’assurer qu’elles n’exagèrent pas.
Commençons donc par les 22% de femmes qui ont subi des actes sexuels non consentis à partir de l’âge de 16 ans en Suisse. Une donne issue d’un sondage réalisé par l’institut gfs, à la demande d’Amnesty International. Ou parlons des 18 522 cas de violences domestiques recensés en 2018 par la police – bien au-dessous des niveaux réels –, dont les femmes sont les premières victimes. Les faits sont têtus, il faut le marteler: il s’agit là d’une violence de genre, perpétrée par des hommes envers les femmes.
Cela signifie-t-il que tous les hommes sont des violeurs ou des harceleurs? Certainement pas. Mais l’ampleur des chiffres montre que nous avons, toutes et tous, une responsabilité immense. De ne plus fermer les yeux, pour que la honte change de camp. Il n’est pas acceptable que seules 10% des femmes sondées qui ont subi des violences aient osé en parler aux autorités, principalement par honte, par peur qu’on ne les croie pas.
Heureusement, à force de mobilisation, cette chape de plomb se fissure.
C’est pour poursuivre ce but que résonne, du 23 au 25 novembre, l’appel à la mobilisation contre les féminicides, les violences sexistes, homophobes, transphobes ou racistes. Autant de combats à mener de front, car tous sont liés à une même source: des rapports dominés par les logiques néo-libérales et patriarcales, qui écrasent sans distinction les maillons les plus vulnérables de la société.
Celles qui ont porté le flambeau du 14 juin l’ont annoncé haut et fort: elles ne sont «pas prêtes de se taire» et dénonceront la culture du viol tant que celle-ci persistera. Et la force de cette révolte, au fond, est de contester l’ensemble des oppressions.