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Hong Kong: où sont les progressistes?

Depuis le 9 juin, le ­territoire de Hong Kong connaît de très importantes manifestations. Au départ motivées contre un projet de loi portant sur l’extradition de prisonnier-e-s vers la Chine continentale, les revendications se sont aujourd’hui considérablement élargies. Chercheur et ancien fonctionnaire à l’OIT, Franck Hoffer s’interroge, dans un article écrit en août, sur le «consensus silencieux de la gauche occidentale» à ce sujet.
Résistance

Des milliers de personnes sont en train de se battre pour la liberté et la démocratie à Hong Kong. Elles s’opposent avec détermination, inventivité et courage à la montée d’un pouvoir autoritaire. Ces jeunes gens sont en train de se battre pour notre futur. Le peuple de Hong Kong est pour nous une inspiration de première importance. Contre toute attente, il s’est soulevé. Le consensus silencieux de la gauche occidentale semble être de rester calme afin de ne pas provoquer la Chine. L’accès au marché chinois ou aux investissements chinois à l’étranger semble être devenu la plus haute valeur occidentale.

Voici des personnes qui se battent pour ce qui nous est le plus cher: la liberté, la justice et la démocratie. Elles ne sont pas téléguidées par le gouvernement américain, elles veulent simplement décider de leur propre avenir. Elles souhaitent un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Elles ont fait preuve d’une incroyable discipline et d’une remarquable intelligence tactique afin de conserver l’énergie du soulèvement tout en durcissant progressivement leur lutte.

Le gouvernement chinois interprète le silence occidental non pas comme une retenue calculée afin de maintenir le dialogue ouvert et de permettre quelques améliorations dans les libertés civiles, mais pour ce qu’il signifie effectivement: l’apaisement au nom des affaires.

Les démocrates occidentaux doivent demander aux entreprises de cesser le business as usual. Le message qui doit être adressé aux autorités de Hong Kong et Pékin est que ce ne sont pas les manifestations, mais leur répression par le pouvoir qui mettrait l’économie hongkongaise en péril. Le monde de l’économie doit dire clairement et fortement que la conséquence d’une répression du mouvement décidée par les autorités serait un désinvestissement de sa part dans la région.

Les gouvernements européens doivent être clairs dans leurs discussions avec le gouvernement chinois quant aux inévitables conséquences économiques et diplomatiques si ce dernier n’écoute pas la voix des habitant-e-s de Hong Kong. Des manifestations devraient être organisées dans les rues des villes européennes en solidarité avec le peuple de Hong Kong pour montrer que nous partageons leurs valeurs. Et enfin, l’Europe devra offrir un asile sûr aux manifestant-e-s si le pire devait arriver.

L’auteur est chercheur associé à la Global Labour University et ancien fonctionnaire à l’OIT. Texte traduit et publié par Pages de gauche (n°173, automne 2019). Article en version longue à retrouver sur pagesdegauche.ch

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