Du logement oui, aussi pour les bas revenus!
Alors qu’on bâtit à tour de bras à Genève, de très nombreux logements visent les hauts salaires au détriment des bas revenus, qui paient pourtant le prix fort et n’arrivent pas à joindre les deux bouts. L’initiative «des logements pour tous» propose de réelles solutions. Voici pourquoi voter oui le 24 novembre.
A Genève, on construit, mais d’abord pour les plus riches. Sur ces dix dernières années, 49% des nouveaux logements sont des PPE (propriété par étage), autrement dit des appartements destinés à l’achat. Ceux-ci sont inaccessibles aux classes moyennes dont la fortune, le revenu et les conditions bancaires strictes empêchent de devenir propriétaires. Ainsi, la moitié des logements construits s’adressent au 18% de privilégiés suffisamment dotés. Les autres 82% devront se débrouiller…
Comment favoriser réellement la construction pour toute la population? En votant «oui» à l’initiative. Déposée au niveau suisse, [l’initiative populaire «Davantage de logements abordables», qui sera soumise aux urnes le 9 février 2020] a son pendant cantonal: à Genève, elle demande que les modifications de zones servent automatiquement aux zones de développement (où les loyers sont contrôlés par l’Etat pendant dix ans), aussi longtemps que dure la pénurie. Car il faut le rappeler, le taux de vacance est très faible à Genève: 0,54 (contre 0,89 à Zurich et 1,10 dans le canton de Vaud). Une fois la pénurie levée (2,0), l’initiative ne s’applique plus.
Le loyer continue de grignoter les salaires des classes peu dotées, dans ce marché qui reste tendu. En effet, en Suisse, plus on est pauvre, plus le loyer pèse. A Genève, pour les revenus inférieurs à 4000 francs, se loger représente 35%! Si on ajoute à ça les primes d’assurance-maladie, les bas revenus paient le prix fort. Il est donc indispensable de lutter contre les loyers excessifs. L’initiative cantonale, de son nom complet «Construisons des logements pour toutes et tous: Une priorité en période de pénurie!», en votation ce 24 novembre, permet de poser de réelles priorités en réservant les nouvelles zones de développement aux loyers contrôlés.
Alors que la densification fait polémique au bout du lac, entre projets mal ficelés et abattages d’arbres, les dézonages doivent être réservés aux zones de développement, pour s’adresser à ceux qui ont peu de moyens. L’initiative soutenue notamment par l’Association suisse des locataires (ASLOCA), le Parti socialiste et les Verts (et attaquée en justice par la Chambre genevoise immobilière) est une occasion à ne pas manquer. Le 24 novembre, un «oui» dans les urnes sera le message fort d’un développement urbain pour tout-e-s et pas seulement certains.
L’auteur est membre du comité de l’ASLOCA et conseiller municipal PS en Ville de Genève.