Édito

Vague verte, nouvel équilibre politique

Vague verte, nouvel équilibre politique
Les Verts et Céline Vara (avec Fabien Fivaz) détrônent les socialistes en leur chipant leur siège aux Etats à Neuchâtel. KEYSTONE
Elections fédérales

Le cours du tournesol s’est envolé, ce dimanche, dans les différents centres névralgiques de dépouillement. Les Verts (et les Vert’libéraux) sortent grands vainqueurs de ces élections fédérales. Selon les projections SSR, au niveau du National, ils gagnent près de six points à 13%, ce qui en ferait la quatrième force politique du pays avec 28 sièges, devant le Parti démocrate-chrétien (11,4%, 25 sièges).

De fait, à Genève, avec plus de 24% des suffrages, le parti écologiste devient tout simplement… premier parti du canton. Il devance le leader historique, le Parti libéral-radical, et le grand frère socialiste. Les tendances sont similaires dans les autres cantons romands: les Verts arrachent un siège en Valais, ils détrônent les socialistes en leur chipant leur siège aux Etats à Neuchâtel et ils passent de deux à quatre sièges à la Chambre basse dans le canton de Vaud.

Cette progression se fait en partie du détriment du Parti socialiste, qui faisait grise mine dimanche et réalise son pire score sur les 100 dernières années avec 38 sièges. Au-delà de la vague verte, il paie peut-être aussi le prix de certaines compromissions qu’il eût été plus sage d’éviter, comme le relèvement de l’âge de la retraite des femmes –difficile de se placer ensuite en champion de la cause féministe– et de la baisse de la fiscalité des grosses entreprise.

C’est surtout à un rééquilibrage du clivage gauche/droite que l’on assiste. Ce qui se traduit par une progression du nombre de femmes élues (78 sur 200 au National). Le bloc libéralo populiste (PLR-UDC) perd la majorité absolue qu’il détenait au National et qui a fait la législature écoulée un modèle de politiques antisociales.

Saluons donc cette perte d’hégémonie bourgeoise. Mais, gardons à l’esprit que pour spectaculaire qu’elle soit, la progression des Verts n’inverse pas la majorité. Avec 108 sièges sur 200, la droite gouvernementale détient largement les clés du pouvoir. Que feront les Vert’libéraux, parti de droite passé à seize sièges? Et l’UDC reste le premier parti de Suisse. La clique blochérienne aura simplement un peu moins les coudées franches, et l’espace politique pour forger des compromis un tant soit peu acceptables devient plus réel.

Le mouvement social devra continuer à porter ses projets en forgeant des rapports de forces sur le terrain. Au parlement, il n’y aura plus de majorité de blocage. C’est à la fois énorme et loin d’être suffisant. Or les attentes –notamment des jeunes– sont immenses. Les décevoir serait la porte ouverte à une désillusion politique qui se paierait comptant, à l’instar du naufrage du socialisme en France, voire en Allemagne.

Opinions Suisse Édito Philippe Bach Elections fédérales

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Elections fédérales octobre-novembre 2019

jeudi 17 octobre 2019
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