Édito

L’UDC dévore tout sur sa gauche

Vert en berne, extrême droite à Berne 2
Céline Amaudruz, UDC. JPDS
Elections fédérales

Les glaciers, les femmes et les migrant·es ont du souci à se faire. Le résultat des élections fédérales de ce dimanche traduit un sérieux glissement à droite du parlement suisse. Cette recomposition se fait au détriment des Vert·es (-4%) qui reculent par rapport à leur résultat historique de 2019. Et il bénéfice à l’extrême droite qui remonte avec 28,7% des suffrages à un niveau comparable à 2015.

Le recul des Vert·es interroge. La crise climatique vient au second rang des préoccupations des Suissesses et des Suisses. Mais il ne se traduit pas dans les urnes. Le discours des écologistes a peut être manqué de réponses concrètes. Voire a pu braquer une partie d’un électorat flottant, notamment sur les questions d’égalité hommes-femmes. L’UDC a canonné un prétendu «wokisme», en pointant tel ou tel excès de langage. Cela permet de manière commode d’éviter les questions des oppressions; et cela porte.

Les questions de fin de mois ont-elles pris le dessus? Sans doute un peu. Ces élections se sont tenues dans un contexte mondial tendu: guerre en Ukraine et au Proche-Orient, pénurie en matière d’approvisionnement énergétique… Visiblement, les réponses du Parti socialiste – plafonner les primes maladie à 10% du revenu disponible – avaient l’avantage d’être tangibles.

Le glissement à droite est double d’ailleurs. Au-delà du recul de la gauche, le bloc populiste taille des croupières au centre-droit dans un canton comme Genève. Le PLR recule au profit de l’UDC et du parti antifrontalier qu’est le MCG.

Cette remontée de l’extrême droite s’inscrit dans une tendance lourde que l’on observe ailleurs en Europe. En France, par exemple, une arrivée au pouvoir du Rassemblement national (ex-Front national) est une hypothèse qui est devenue de l’ordre du possible.

L’UDC conforte sa position de premier parti de Suisse. Inquiétant, pour le moins, de voir cette camarilla néolibérale, climato-sceptique, covido-négationniste et qui ne recule pas devant un discours raciste et stigmatisant les immigré·es triompher et prendre le dessus sur la droite traditionnelle.

Sur le long terme, cela se paiera et ouvrira un espace pour la gauche; dans l’immédiat, cela se fera au détriment des plus faibles et obligera à porter les luttes dans la rue pour bloquer les attaques les plus dévastatrices qui ne manqueront pas de débouler sur les thèmes chers à la droite économique, qui ne froncera pas le nez devant la montée du populisme udéciste: moins de social, moins d’Etat et la liberté pour le renard dans le poulailler.

Opinions Édito Philippe Bach Elections fédérales

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Elections fédérales du 22 octobre et 12 novembre 2023

jeudi 12 octobre 2023
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