Édito

L’Italie, un peu moins pire

L’Italie, un peu moins pire
Le nouveau gouvernement de Giuseppe Conte a assoupli sa politique migratoire. KEYSTONE
Italie

Un petit surplus d’humanité. Durant ses trois premières semaines d’exercice, le nouveau gouvernement italien de Giuseppe Conte a assoupli sa politique migratoire, rouvrant notamment les ports que le léguiste Matteo Salvini, précédent ministre de l’Intérieur, avait fermés aux navires secourant les migrants. Mi-septembre, l’Ocean Viking a ainsi pu débarquer à Messine avec 182 survivants à bord. Le symbole n’est pas anodin, alors qu’en juin la capitaine allemande Carola Rackete était arrêtée et insultée devant les caméras à Lampedusa. Elle venait de forcer le blocus transalpin en faisant accoster le Sea-Watch 3 et ses 42 passagers.

Si tout va bien, cet assouplissement d’un décret de la Lega (extrême droite) n’est qu’un premier pas: comme annoncé par Conte cette semaine, la nouvelle coalition entre Movimento 5 Stelle (M5S, anti-système), Parti démocrate (PD, centre-gauche) et le groupement Libres et égaux (gauche), devrait aussi revenir sur le principe des méga-amendes prévues à l’encontre des ONG sauvant des vies en mer. Et discuter bientôt de la Ius Culturae, projet de loi qui terrorise la droite dure: elle donnerait la nationalité italienne à tous les mineurs étrangers nés en Italie – ou arrivés dans le pays avant l’âge de douze ans –, pour autant qu’ils aient fréquenté le secondaire pendant au moins cinq ans.

Plus généralement, il s’agira pour le gouvernement Conte-II – il succède à Conte-I, alliance entre M5S et Lega – de faire le maximum pour dédiaboliser le thème de la migration. Avec la complicité des médias – et un recours obsessionnel aux réseaux sociaux –, Salvini n’a cessé de crier à l’invasion et à la disparition des valeurs italiennes. Bien entendu, avec la réouverture des ports, Salvini rugit aujourd’hui d’une indignation toute opportune. Luciana Lamorgese, sa remplaçante à l’Intérieur – une avocate sans parti –, devra démontrer la vacuité de ses arguments.

Alors qu’il avait soutenu – parfois en se bouchant le nez – la plupart des propositions de son ex-allié de la Lega, le M5S semble aujourd’hui prêt à faire (en partie) machine arrière. Or de la réussite de l’exercice dépendra le futur de cette coalition a priori bancale – PD et M5S ne partagent qu’une partie de leurs valeurs et n’ont cessé de s’insulter ces dernières années. En cas d’échec, un retour anticipé aux urnes offrirait un boulevard à l’extrême droite. Qui cette fois n’aurait plus besoin de négocier pour remodeler l’Italie à son image.

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