Édito

Un fiasco financier annoncé

Un fiasco financier annoncé
Le spectacle a perdu 1,6 million par représentation jouée en journée. KEYSTONE
Fête des vignerons

La Fête fut belle, assurent ceux qui y ont assisté et participé. Elle a aussi coûté très cher. Aux spectateurs d’abord, qui ont déboursé entre 79 et 359 francs par billet. Aux organisateurs, ensuite, qui estiment, pour l’heure, les pertes à quelques 16 millions. Enfin… le «manque à gagner», selon le terme choisi.

Mais quelle que soit la nomenclature utilisée, le fiasco financier de la Fête des vignerons était bel et bien annoncé, tant la démesure a été le credo de l’édition 2019 de l’événement qui transforme Vevey tous les vingt ans. Son budget s’est élevé à 100 millions de francs – et a été dépassé –, contre 54 millions en 1999. Le spectacle a perdu 1,6 million par représentation jouée en journée! A ce niveau, il y a un clair problème de business plan. Cette folie des grandeurs, presque tout le monde l’a vu venir, sauf ses promoteurs, particulièrement  arrogants. Il faut dire qu’elle s’inscrit dans une dynamique de surenchère événementielle, qu’on observe particulièrement lors des grandes manifestations sportives. Pour leur décharge, on notera que même à des échelles plus modestes, l’organisation de fêtes commercialo-populaires n’est pas aisée. Ce n’est en tout cas pas Genève Tourisme, qui a enregistré des millions de pertes avec ses Fêtes de Genève, qui pourrait donner des leçons de gestion à la Confrérie des vignerons, organisatrice du grand raout veveysan.

Quoi qu’il en soit, si les déficits des grands événements privés étaient exclusivement pris en charge par les organisateurs et leurs sponsors, personne n’aurait à y redire. Mais généralement, ce sont les deniers publics qui sont finalement sollicités pour éponger les pertes dues à des ambitions excessives. Et dans ce cas, l’opération est bien lancée. François Margot, abbé-président de la Confrérie des vignerons, discute avec diverses autorités de prestations encore à facturer. Quant à Frédéric Hohl, directeur exécutif de la Fête, il se plaignait déjà samedi à la RSR du fait qu’il ne connait «pas d’autres manifestations qui se sont vu facturer» tant de services par des pouvoirs publics.

L’ardoise finale de la Fête des vignerons n’est pas encore vraiment connue, nous répète-t-on. Ni sa répartition, répliquera-t-on. Or, il faudra bien la surveiller. Car il n’est pas acceptable que les coûts de la vision démesurée des organisateurs, qui ont toujours revendiqué en faire à leur seule guise, retombent finalement sur le compte des caisses publiques.

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