Fin 2018, la Suisse avait dépassé les 8,5 millions d’habitants, selon les chiffres diffusés mardi par l’Office fédéral de la statistique. Une croissance certes moindre que les années précédentes (+0,7%, la plus faible progression de ces dix dernières années) mais la tendance haussière se maintient.
L’UDC a répondu présent dans la seconde à la petite clochette pavlovienne déclenchant le réflexe de salivation du pitbull d’extrême droite. «Seule l’UDC empêchera une Suisse à 10 millions d’habitants» à l’horizon 2030, lit-on dans un communiqué.

On peut sourire de cette propension à tout ramener – l’environnement, le chômage, les violences faites aux femmes – à une invasion migrante. A lire le communiqué udéciste, ces étrangers représentent 543’000 voitures et 789 bus supplémentaires. Sans oublier 454’000 appartements.

Mais les rieurs ont tort. Sur la durée, ce discours porte davantage qu’il ne le devrait. On l’avait vu avec l’initiative Ecopop – dont certains aspects sentaient déjà le rance – et qui avaient réussi à convaincre des figures marquantes de l’écologie politique.

On constate aussi que ce discours est porté par une frange des mouvements d’habitants exprimant leur mécontentement face à des projets de densification dans les centres urbains impliquant des démolitions de maison à valeur patrimoniale, l’abattage d’arbres ou simplement la fin de certaines zones villas. Le ton est à la décroissance, certes, mais avec de sérieux accents malthusiens. Il est donc heureux que dans les mouvements de grève climatique des jeunes, la notion de justice climatique – entre le Nord et le Sud, mais aussi dans nos régions – fasse partie des revendications. Il s’agit d’un présupposé si l’on entend mener la réflexion sur la nécessaire décroissance dans des eaux moins stagnantes et davantage porteuses d’avenir.