C’était assurément une gueule du cinéma mondial, mi-beau gosse au regard bleu acier, mi-mauvais garçon au rictus inquiétant. L’acteur néerlandais Rutger Hauer, révélé par le film de science-fiction Blade Runner (1982), est mort vendredi dernier à l’âge de 75 ans.

«Il était considéré comme l’un des plus grands acteurs des Pays-Bas», a écrit l’agence de presse néerlandaise ANP. Son compatriote cinéaste Paul Verhoeven a pour sa part a déclaré avoir perdu son «alter ego». «Je suis extrêmement triste qu’il ne soit plus parmi nous, il va terriblement me manquer.»

Né le 23 janvier 1944 à Breukelen dans la province d’Utrecht, Rutger Hauer fait ses débuts sur les planches avant de tenter une carrière de marin sur un cargo, puis dans l’armée. Sa nature réfractaire le fera réformer de la Marine royale néerlandaise.

Le Thierry la Fronde néerlandais

L’acteur fait ses débuts à l’écran en 1969 dans la série télévisée Floris de Paul Verhoeven, où il joue le rôle du Thierry la Fronde néerlandais. Cette série extrêmement populaire le propulse à l’avant-scène. Verhoeven en fait son acteur fétiche en l’employant dans la plupart de ses films des années 1970, avant qu’il ne donne la réplique à Sylvester Stallone dans Les Faucons de la nuit (1981). Sa carrière internationale est lancée.

Son physique athlétique, sa blondeur et son magnétisme lui valent des emplois chez Sam Peckinpah (Osterman week-end, 1983), Richard Donner (Ladyhawke, la femme de la nuit ,1985) et toujours Paul Verhoeven (La Chair et le Sang, 1985). Dans, Hitcher, film étasunien sorti en 1986, il incarne un autostoppeur psychopathe qui fait froid dans le dos.

Rutger Hauer a encore tourné dans les années 2000, notamment dans Sin City et Batman Begins, mais c’est son rôle de «réplicant» dans Blade Runner, l’adaptation d’un roman de SF de Philip K. Dick, qui l’a fait passer à la postérité. L’acteur s’est aussi impliqué dans la cause environnementale et la lutte contre le sida. Il laisse une épouse et une fille née en 1966 d’un premier mariage.