Nous ingérons chaque semaine l’équivalent d’une carte de crédit en plastique. L’image brandie par le WWF peut sembler exagérée. En réalité, le pétrole a envahi toutes les strates de nos vies. Si bien qu’un adulte, a fortiori un enfant, peut avaler de telles quantités sans même s’en rendre compte. Le plastique est partout: au Pôle Nord, au fond des océans, au sommet de l’Everest, dans l’atmosphère. Il colonise la faune et la flore, les tissus humains et les excréments. Dans cent mille ans, lorsque les archéologues du futur procéderont à des fouilles, ils retrouveront des particules de plastique partout et parleront des XXe et XXIe siècles comme ceux de l’Homo Plasticus.

Combien de nanogrammes de plastique dans un steack? Pour l’Office fédéral de la sécurité alimentaire, les microplastiques ne sont pas considérés comme un danger pour la santé. Selon le niveau des connaissances actuelles, ajoute-t-il, précautionneux. Les réponses obtenues par Le Courrier auprès des autorités et de divers experts ne sont pas pour nous rassurer. A titre d’exemple, nous connaissons le pourcentage de sels minéraux, d’oligo-éléments, de nickel ou d’arsenic que contient l’eau du Léman. En revanche, il n’existe pas de mesures permettant de quantifier la présence de micro et nano particules de plastique dans l’eau potable. Ni de filtres pour les arrêter.

Nous pouvons renoncer à manger des poissons du lac, mais pas à boire l’eau du robinet ni à respirer. Avec quelles conséquences dans les années à venir? Y a-t-il un lien avec les actuelles épidémies de cancer? Aujourd’hui, personne n’est capable de répondre à ces questions. Peut-être sommes-nous à la veille d’une catastrophe sanitaire semblable à celle de l’amiante. Les autorités doivent empoigner le sujet avec célérité. Interdire les pailles en plastique ou le sac à usage unique sont des gestes symboliques permettant de sensibiliser à la question. Mais cela ne suffira pas.