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Sept milliards d’humains, tous animaux, tous africains!

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Linné nous a classés, nous humains, parmi les grands singes, à côté des gorilles et chimpanzés. Darwin, constatant que ces grands singes africains sont nos plus proches parents zoologiques, en a déduit que nos derniers ancêtres communs avec eux étaient africains. Ce que toutes les recherches sérieuses sur les origines humaines confirment. Elles proposent une origine du genre humain, Homo, vers 2 millions d’années avant nous, en Afrique, et montrent une sortie d’Afrique d’humains, différents de nous, vers la Géorgie il y a 1,8 million d’années, puis des migrations vers la Chine et l’Indonésie.

C’est aussi en Afrique, mais bien plus tard, qu’on trouve les premiers Homo sapiens fossiles de notre espèce: il y a «seulement» 300’000 ans au Maroc d’abord, puis en Ethiopie et en Afrique australe. Il faut attendre 100’000 ans pour que ces sapiens africains sortent vers la Palestine, puis vers l’Asie continentale, l’Australie (il y a 50’000 ans), l’Europe (40’000) et enfin l’Amérique. En Eurasie, ils ont rencontré d’autres Homo (néandertaliens et «dénisoviens»), probablement issus d’émigrations antérieures dont on ne sait rien, avec lesquels ils se sont un peu métissés.

Dans ces conditions, deux choses sont sûres: tous les ancêtres de tous les humains d’aujourd’hui viennent d’Afrique et, par ailleurs, les deux tiers, au moins, de notre histoire d’Homo sapiens se sont déroulés en Afrique, bien avant que des émigrations emportent des minorités africaines peupler les autres continents. La génétique des populations actuelles confirme ce scénario car la diversité génétique des populations non africaines est faite de sous-échantillons d’une diversité africaine très supérieure. Tous les humains actuels sont des descendants d’Africains émigrés sur les autres continents, sauf les Africains actuels, seuls non émigrés!

S’il est plaisant de constater que Blocher, Xi, Le Pen ou Trump sont des descendants d’émigrés Africains de la préhistoire – peut-être à peau foncée –, il est clair que les intéressés et la plupart des populations extra-africaines n’en sont pas encore convaincus. Ils n’en ont pas tiré des conséquences évidentes: malgré leurs diversités physiques, culturelles et linguistiques extraordinaires, toutes les populations humaines partagent une origine commune récente, dont une petite population de chasseurs paléolithiques africains constituait l’essentiel. Elles sont étroitement apparentées, comme celles de toutes les espèces animales récentes, et non différenciées comme celles d’espèces vieilles de millions d’années.

A titre d’exemple, bien que restés en Afrique et constituant une seule espèce séparée des bonobos depuis deux millions d’années, les grands chimpanzés ont formés trois sous-espèces différentes. Certaines différences génétiques entre deux chimpanzés peuvent être cinq fois supérieures au maximum observable entre deux humains pris au hasard parmi sept milliards.

L’exposition «Afrique: 300 000 ans de diversité humaine»1>Visible à la salle d’exposition Uni Carl Vogt, 66 bd Carl-Vogt jusqu’au 6 septembre, puis au Muséum d’histoire naturelle à Malagnou dès le 28 septembre., de l’Unité d’anthropologie de l’université de Genève, décrit cette préhistoire africaine récente de notre espèce. Elle offre une synthèse interdisciplinaire de l’état des recherches paléontologiques, archéologiques, génétiques et linguistiques qui la documentent. Dirigée par Alicia Sanchez-Mazas, avec les collaborations essentielles d’Estella Poloni pour la génétique, Anne Mayor, Eric Huysecom, Katja Douze et Nonhlanhla Dlamini pour la paléontologie, l’archéologie et l’ethnologie, Ninian Hubert van Blyenburgh, Alice & Aloys, pour la muséographie et le graphisme, et bien d’autres, trop nombreuses pour être citées ici, elle présente l’ensemble des artéfacts et résultats scientifiques documentant cette préhistoire arrêtée avant une histoire où de grands empires africains devancèrent leurs futurs agresseurs.

Notes[+]

* Chroniqueur énervant.

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lundi 8 janvier 2018

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