Élevage, sortir du déni
Des vaches blessées laissées sans soins, des veaux morts parce qu’ils n’avaient pas d’accès à l’eau, ou encore des animaux campés sur un tas d’excréments d’un mètre de hauteur. Ces maltraitances font partie des infractions à la protection des animaux les plus graves constatées dans toute la Suisse par la surveillance vétérinaire en 2018. Selon une enquête du Matin dimanche, des manquements ont été relevés dans près d’une exploitation agricole contrôlée sur dix. Plus de 600 ordonnances pénales ont été prononcées.
Certains éleveurs récidivent et continuent de recevoir des subventions, relève encore la presse dominicale. Le canton de Vaud a répondu aux scandales des maltraitances dans les porcheries – dénoncées grâce aux associations antispécistes – en renforçant les contrôles. Accentuer la surveillance et punir les mauvais éleveurs évite aux autorités de se poser les questions qui fâchent. Les paysans portent ainsi l’entière responsabilité du bien-être animal. Ils ne doivent pas évidemment pas être dédouanés pour leurs actes mais c’est l’entier du système qui nécessite une remise en question.
Fruit d’une volonté politique, l’élevage intensif considère l’animal uniquement comme valeur marchande. La maltraitance en est une conséquence logique. Et malgré les subventions, les revenus retirés par les paysans sont en général insuffisants et bien en deçà du labeur fourni.
Rappelons que l’élevage est aussi responsable de 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde et fait concurrence aux cultures vivrières. Lancée l’année dernière, une initiative populaire exige de mettre fin à l’élevage intensif en Suisse et de fixer des critères respectueux pour l’hébergement et les soins aux animaux, comme pour l’abattage et la taille des étables. Les normes s’appliqueraient également à la viande importée. Cela a le mérite de lancer un débat public, aujourd’hui plus que nécessaire, pour repenser notre rapport aux animaux.