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A Bienne, ça ne fait que commencer!

A Bienne aussi, la déferlante violette a eu lieu. Né du souhait de créer une mobilisation locale – «c’est ici que le patriarcat nous touche au quotidien et c’est ici que nous le combattons» – le Collectif biennois qui a organisé la grève féministe poursuit sa mobilisation.
A Bienne, ça ne fait que commencer!
Photo DR
Post-14 juin

Le 14 juin, à la fin de la manifestation, le groupe de percussions du collectif d’organisation biennois s’est frayé un chemin sur les échafaudages couverts de banderoles qui jouxtent la Place centrale. Du haut de la structure métallique, une dizaine de femmes surplombent la place et tambourinent dans un joyeux brouhaha sous les vivats de la foule en contrebas. Un court moment de liesse qui illustre l’ambiance joyeuse et impertinente de la grève à Bienne. Ne se limitant pas à la fête, le collectif local a remis un cahier de revendications au maire de la Ville. Appuyé par plus de 1100 signatures, ce texte – inspiré du Manifeste – a été reçu le mercredi suivant par la Chancellerie locale.

Il est très motivant, au lendemain de la grève, d’entendre des voix enthousiasmées s’élever pour dire: «il faut que ça continue!». Et encore plus impressionnant quand la séance de bilan réunit une trentaine de personnes, dont certaines nouvelles têtes prêtes à s’engager. Bien que largement ignorée par les médias nationaux, à Bienne aussi, la vague violette est en marche! Le cahier de revendications remis à la Chancellerie a été adapté aux compétences de la Ville. Les revendications portent sur l’éducation non-sexiste, l’encouragement à la vie professionnelle des femmes*, la protection contre les violences et l’ouverture d’une Mädchenhaus (espace d’accueil et de soutien pour les mineures victimes de violences). Elles exigent également que la Ville fasse valoir son pouvoir d’appréciation dans les décisions qui concernent les femmes migrantes. Contactées par le collectif, des élues locales ont appuyé certaines revendications le soir même à la réunion du Conseil de Ville. Une affaire à suivre.

Le collectif local, actif depuis janvier, s’est investi intensivement au cours des derniers mois dans l’organisation du 14 juin. Comme partout ailleurs, peu de membres* avaient une expérience de la lutte, mais toutes* partageaient le souhait de créer une mobilisation locale plutôt que de rejoindre la capitale bernoise. Car c’est ici que le patriarcat nous touche au quotidien et c’est ici que nous le combattons. La force d’une telle déclaration s’est concrétisée le 14 juin avec la participation de 5000 personnes d’une impressionnante diversité à la grève. Pas mal pour cette ville ouvrière, sans université, et dont le tissu militant quasi inexistant est principalement axé sur des projets écologistes et urbanistiques!

En collaboration avec l’union syndicale (GBLS, Gewerkschaftsbund Biel-Lyss-Seeland) et le réseau féministe Frauenplatz, les militantes biennoises ont réinventé au fil des mois une forme d’organisation aussi horizontale et ouverte que possible, bénévolement et en deux langues. Au niveau national, leur détermination a pu être remarquée lorsque les premières membres* ont repris au vol une partie de l’organisation des Assises nationales du 10 mars à Bienne.

Aujourd’hui, quelques drapeaux violets flottent encore en ville. Les banderoles ont été ôtées – dont «la soupe est prête Robert» sur la sculpture dédiée au promeneur romantique Robert Walser devant la gare. Le chemin est encore long et demande beaucoup de discussions, d’éveil, d’éducation. Après quelques mois d’effervescence, les Biennoises prévoient dès juillet des rencontres informelles tous les 14 du mois pour renforcer leurs liens. Un podcast est également en préparation (baptisé «ultraviolet.t» avec la bénédiction des Genevoises et un double «t» pour le bilinguisme). La mobilisation continue et elle est menée tambour battant. Robert n’aura qu’à préparer sa soupe lui-même!

Info et contact: Fsgf.bielbienne@gmail.com

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