Édito

Point de rêve américain

Point de rêve américain
Des enfants en détention à McAllen, au Texas, en juin 2018. KEYSTONE
États-Unis

La société civile tente d’alarmer le monde face au scandale des mineurs migrants incarcérés aux Etats-Unis. Car ce pays poursuit sa politique inhumaine, séparant des enfants migrants de leur famille et les emprisonnant, alors qu’ils sont parfois âgés de quelques mois à peine. Voilà une année que circulent des images choquantes. Ces vidéos d’enfants au regard vide, dans un silence assourdissant, maigres couvertures de survie sur le dos, matelas au sol. Ou la fillette en pleurs devant une patrouille douanière, qui a fait la une du Time Magazine et est devenue le symbole de ces maltraitances.

Depuis l’instauration de la «tolérance zéro» aux frontières, l’administration de Donald Trump a criminalisé les personnes sans papiers – dont le statut n’était déjà pas reluisant sous les gouvernements précédents, qu’ils soient démocrates ou républicains. En arrachant ces enfants à leurs parents, en les jetant dans des cages, le seul but est d’envoyer un message aux habitants des pays du Sud: ne pas traverser la frontière. Les ignobles conditions de détention des mineurs ne sont pas une dérive ou une anomalie, elles sont le fruit d’une volonté politique. Ces huit derniers mois, six enfants sont décédés. La prise en charge médicale est défaillante, l’accompagnement inexistant.

Pendant ce temps, le gouvernement ergote sur le terme «cages», lui préférant le mot «grillages» ou «chenils», qui ont ceci de différent d’une niche qu’ils permettent de s’asseoir et offrent un peu plus d’espace, comme l’expliquait officiellement Kirstjen Nielsen, secrétaire à la Sécurité intérieure en mars.

Le déni est tel que l’Académie américaine de pédiatrie (AAP) en vient à expliquer qu’il faudrait idéalement s’assurer «que jamais aucun enfant ne finisse en prison». Mais les Etats-Unis sont bien le pays de tous les possibles. Y compris les pires.

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