La vague violette déferle sur Saint-François
Dès 8 h sur la place Saint-François, c’est un déjeuner convivial qui attend badauds et grévistes, soutenues logistiquement par des hommes solidaires. La journée se veut militante et festive. Le cœur de la ville bat au rythme des prises de parole.
Malgré la pluie, Nabila, Léa et Lola n’ont pas manqué le rendez-vous. Toutes trois fleuristes, elles sont aujourd’hui en grève comme leurs trois autres collègues femmes. Avec la bénédiction de leur patron. Ce sont les trois hommes du groupe qui tiennent la boutique.
«Dans notre métier, la majorité féminine pourrait faire penser que nous ne vivons pas le sexisme. Pourtant, cela ne nous empêche pas d’être harcelées dans la rue et ne pas se sentir en sécurité le soir», raconte Lola. «Nous sommes là par solidarité avec les conditions qui touchent toutes les femmes car l’égalité est l’affaire de tous», abonde Nabila. A 18 h, elles se retrouveront au même endroit pour le départ de la manifestation cantonale.
Les croissants ne sont pas encore entamés qu’à deux pas de là, le pont Bessières est investi par quelques dizaines de grévistes, qui rappellent, micro à la main, la nécessité de ce mouvement. Kate est venue de la Cité, juste à côté. Educatrice, son lieu de travail est également en grève: stagiaires et remplaçants assureront le service minimum. L’après-midi, elle ira à un cours de yoga sur le pouvoir féminin: «Si on ne fait pas grève, le message ne passera pas: il faut militer. Mais c’est également une journée pour s’occuper de soi.» Applaudissements et félicitations retentissent sur le pont Bessières à la vue de l’affiche «Cité en grève» déployée sur le mur du gymnase d’en face.
Parole aux femmes
Badges mauves, accessoires vestimentaires fuchsia parsèment la ville. Même cette retraitée est, involontairement, un soutien visible à la grève : «Je ne savais pas que c’était aujourd’hui. J’ai pris un parapluie mauve totalement par hasard. Mais je soutiens à 100% ces revendications! Depuis 1991, l’égalité, on y est pas.»
Dès 11 h, c’est de nouveau à la place St-François qu’une énorme vague violette converge. Au menu, lecture de l’appel à la grève en plusieurs langues – une occasion de rappeler que près d’un quart des habitantes du pays n’ont pas le passeport suisse.
Syndicalistes, travailleuses et artistes se relaient au micro pour parler de leurs expériences et conter leur espérance. Jusqu’au coup d’arrêt de 15h24, heure à partir de laquelle les femmes travaillent pro bono.