Le Collectif Femmes* Valais s’est formé à la suite des  Assises féministes romandes pour la grève des femmes* qui ont eu lieu à Lausanne en juin 2018. Très vite, les trois femmes qui s’étaient rencontrées aux Assises ont été rejointes par d’autres, curieuses de voir si le Valais était prêt pour une grande mobilisation féministe. Le succès du premier évènement, un ciné-débat organisé à la Ferme-Asile [à Sion] en août 2018, a lancé la dynamique. Le collectif a rapidement grandi et a fait le choix d’une organisation horizontale, non partisane, permettant à chacune et chacun de rejoindre le mouvement et de s’investir selon ses envies et ses possibilités.

Face à l’incompréhension d’un mode d’organisation basé sur l’inclusion et l’autonomie – encore peu connu et pratiqué chez nous – le collectif tient bon. Il se renforce de jour en jour, rejoint par de nouvelles personnes prêtes à engager leur énergie et leurs idées pour faire progresser l’égalité. Une à deux fois par mois, des réunions de coordination ont lieu pour échanger sur l’avancée du travail des différents groupes mis en place (jeunes, violences, migration, homme, communication, recherche de fonds…). Des stamms, moments de partage informels, ont d’abord été organisés dans des cafés sédunois, puis ont essaimé dans tout le canton: dans le Chablais, à Sierre et à Martigny. Très appréciée, cette forme de rencontres permet d’échanger avec des personnes non (encore) engagées au sein du collectif, de faire émerger de nouvelles idées et d’enrichir nos discussions de nouvelles thématiques.

Dans le contexte valaisan, nous axons nos revendications autour de trois thèmes principaux. Le premier concerne les femmes dans le monde du travail: inégalités salariales, prise en compte des parcours de vie des femmes dans le calcul des rentes, travail gratuit de soins. Le deuxième axe a trait à la représentation des femmes dans l’espace public, en politique, dans l’économie et dans les médias. Enfin, le troisième se rapporte au sexisme: stéréotypes de genre, sexisme ordinaire, violences, harcèlement. Nous avons ainsi récolté des témoignages de situations vécues de sexisme, harcèlement, violence, à travers un formulaire en ligne. A ce jour, plus de deux cents réponses nous sont parvenues et mettent en évidence que ces situations ont lieu partout: les petits villages et les fonds de vallées ne sont pas épargnés par ce fardeau qui touche toutes les femmes, sans exception. Chaque jour, nous publions des extraits de ces témoignages sur les réseaux sociaux, et le 14 juin, une installation sonore leur sera dédiée.

Notre collectif compte de nombreuses femmes très créatives. Ainsi est né un projet de fanzine, qui propose sur papier une forme de collaboration artistique pluridisciplinaire. Ce support «fait maison», au fort impact visuel, constitue un terrain d’expérimentation qui libère la parole des femmes* autour des revendications de la grève. Le premier numéro paraîtra un mois avant la grève, et il apparaît déjà que d’autres suivront.

Les événements et les projets foisonnent, si bien que toutes les idées ne pourront être concrétisées d’ici au 14 juin. Cela tombe bien: nous sommes nombreuses à souhaiter nous engager au-delà de cette date. La grève nous a rassemblées, le féminisme nous unit, et nous savons que le 14 juin n’est qu’une étape: la lutte devra être poursuivie. Nous recevons de nombreux soutiens et sentons que l’intérêt pour les questions féministes grandit au sein de notre société, encore très empreinte par le patriarcat. Nous ne relâcherons pas la pression et espérons de belles et grandes avancées, aux côtés de nos collègues du Haut-Valais qui s’organisent également pour la grève et avec qui nous sommes heureuses de collaborer.

Nous sommes des femmes valaisannes qui nous sommes trouvées dans un projet commun, celui d’œuvrer pour un Valais où chaque personne bénéficie des mêmes chances pour s’épanouir et vivre la vie qu’elle choisit.