Édito

Genève a joué à se faire peur

Genève a joué à se faire peur
La presse était avide, depuis jeudi dernier, d'entendre les explications du Conseil d'Etat. Keystone
Votation

C’est un immense ouf de soulagement au bout du lac, où les soupçons de fraudes électorales remontant à 2011 sont, en l’état, écartés. Après une fin de semaine où les Genevois ont eu l’impression que le ciel leur était tombé sur la tête, le procureur général, Olivier Jornot, a informé qu’à ce stade de son enquête, rien ne lui permettait d’établir une quelconque fraude ou que des scrutins passés aient été affectés par des manipulations frauduleuses. Mieux, aucun soupçon ne pèse sur les scrutins de dimanche.

Le soulagement est à la hauteur des enjeux et du caractère pressant des sujets de votation – réforme fiscale, recapitalisation de la caisse de retraite de l’Etat, subsides maladies. Bref, Genève a joué à se faire peur et le président du Conseil d’Etat, Antonio Hodgers, s’en est violemment pris aux médias et aux politiciens qui ont, selon lui, monté en épingle un «dossier vide».

Bien sûr, cet épisode doit rappeler quelques fondamentaux à ceux qui les auraient oubliés: toujours ajouter l’adjectif «présumé» quand on parle d’une affaire en cours et, surtout, conserver une nécessaire prudence en évitant les conclusions hâtives. Mais il est un fait: aujourd’hui, les informations circulent si vite que le public a appris que des bulletins déchirés avaient été retrouvés avant que le procureur n’ait fini d’auditionner le prévenu et qu’il ait lui-même pu se faire une idée de l’affaire. Face à ce genre de réalités, le Conseil d’Etat devrait, à son tour, s’interroger sur sa propre communication: face à des soupçons si graves, un simple communiqué de presse, jeudi, n’était pas de nature à éteindre l’incendie dans un canton échaudé par l’affaire Maudet et celle des notes de frais – dans un canton, donc, où la confiance dans les autorités n’a jamais été aussi faible.

Enfin, et surtout, le Conseil d’Etat balaye un peu vite l’affaire, qui n’est pas close. En outre, à en croire le procureur, les processus de dépouillement pourraient manquer de rigueur et des collaborateurs eux-mêmes ont le sentiment d’un manque de fiabilité. Il s’interroge aussi sur l’absence de mécanismes pour permettre aux «lanceurs d’alerte» du Service des votations de s’adresser à une hiérarchie à l’écoute. Au final, on n’est qu’à moitié rassuré.

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