Édito

Du concret pour les assurés

Du concret pour les assurés
Ras-le-bol des augmentations incessantes (ici en novembre 2018 dans les rues de Genève). KEYSTONE
Genève

Enfin! Après des années de passivité coupable, les autorités politiques genevoises proposent enfin du concret à la population pour répondre à la hausse constante des primes d’assurance-maladie. Les citoyens ont le choix le 19 mai entre l’initiative de la gauche, qui propose le plafonnement des primes à 10% du revenu des ménages, et son contre-projet, qui étend considérablement le système actuel des subsides. Pourraient-ils refuser les deux mesures? Parions que non. Cette votation a déjà le mérite de montrer que les aides offertes aujourd’hui par l’Etat sont indignes de la situation.

Si une majorité des députés au Grand Conseil ont souhaité lier artificiellement ce sujet à la réforme de la fiscalité des entreprises et en faire une simple contrepartie, les Genevois ne sont pas tenus de les suivre. Le coût des assurances-maladie est un thème bien trop central pour être relégué au statut de lubrifiant pour faire passer la pilule RFFA.

D’un côté, le texte de la gauche propose un dispositif ambitieux, destiné à soutenir une part importante des ménages dont les budgets sont chaque année grignotés par les charges de santé. Elle répond de façon claire à une urgence sociale. Le contre-projet élaboré par le Conseil d’Etat, s’il représente tout de même un effort inédit en faveur de classes moyennes basses, est une version très light de l’initiative. Alors que la hausse des primes devrait se poursuivre ces prochaines années, les aides fixées par la loi du gouvernement pourraient rapidement s’avérer insuffisantes.

Les deux objets en concurrence seront sans doute jugés en fonction de leur coût pour le contribuable. Le contre-projet va moins loin et sa facture s’élève à 186 millions de francs. Un montant supportable, assure le Conseil d’Etat, qui prévient en revanche que le coût de l’initiative, estimé à 450 millions dès la première année puis 1 milliard après dix ans, forcera l’Etat à sacrifier d’autres prestations. La menace est évidemment récurrente lorsqu’il s’agit d’adapter les dépenses sociales aux besoins. S’il dit vrai, l’exécutif devra donc assumer ces coupes devant la population. Ou alors l’énorme budget consacré aux subsides l’incitera à redoubler d’efforts auprès de Berne afin d’obtenir enfin la réforme d’un système de santé inique. Précisons aussi que le canton de Vaud est, lui, parvenu à mettre en œuvre ce principe.

Quoi que le peuple décide, le résultat de cette votation ne sera pas la panacée. L’idée d’un transfert de plusieurs millions d’argent public vers les caisses privées est indécente, mais certainement moins que les conséquences quotidiennes de la hausse des primes pour de nombreux ménages genevois. Les deux projets soumis au peuple ont au moins l’avantage de faire peser ces charges davantage sur l’Etat, qui impose ses habitants proportionnellement à leurs revenus, plutôt que de laisser les individus se débrouiller avec leurs primes. Il s’agit en quelque sorte d’une forme de redistribution par l’impôt. La première étape vers une étatisation de la santé? On a le droit de rêver.

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Opinions Édito Eric Lecoultre Genève

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Votations cantonales genevoises du 19 mai 2019

jeudi 16 mai 2019
RFFA, CPEG, assurance-maladie, ouverture des commerces, politique culturelle.... Le menu de cette session sera particulièrement copieux.

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