Édito

«Toxic Bibi» contre les généraux

toxic bibi contre les généraux
Si Benny Gantz (affiche de droite, 2e depuis la gauche) veut prendre la place de Benyamin Netanyahou, l’enjeu majeur de l’élection de mardi pour le pays – à savoir la résolution du conflit israélo-palestinien – n’est absolument plus un thème de la campagne. KEYSTONE
Israël 

Que l’alternative à la majorité de droite populiste conduite par Benjamin Netanyahou soit incarnée par un quarteron de généraux en dit long sur l’état de la démocratie israélienne. Malgré les innombrables casseroles judiciaires qu’il charrie, «Bibi» a de bonnes chances de se maintenir lors des élections législatives anticipées de mardi. Son réservoir de votes est largement supérieur à celui de ses adversaires. En faucon aguerri, il sait faire vibrer les cordes sécuritaire et identitaire pour assurer sa survie, ralliant ainsi les petits partis d’extrême droite et nationalistes religieux.

Deux facteurs lui sont favorables. Une opposition en ordre dispersé (travaillistes K-O, coalition «bleu et blanc» novice). Et une radicalisation menée tambour battant, par la guerre si nécessaire, le spectre du «terrorisme» brandi face à toute velléité de contestation. «C’est moi ou le chaos», martèle un Netanyahou aux abois, dont l’immunité face à la justice semble être le premier objectif. Faire de l’œil à l’extrême droite, agiter le danger d’une cinquième colonne (les Arabes israéliens), bloquer tout dialogue avec les Palestiniens, le premier ministre ne recule devant rien.

Cette fuite en avant s’est également traduite par des durcissements législatifs, à l’image de la loi fondamentale sur le caractère juif d’Israël, adoptée l’an dernier, et par la poursuite de la colonisation – sans compter l’annexion annoncée des implantations de Cisjordanie. Le tout avec la bénédiction de Donald Trump et de la nouvelle coalition mondiale des leaders nationaux-populistes.

On en oublierait presque qu’un plan de paix avec les Palestiniens, qualifié de «deal du siècle» par Washington, est sur la table, du moins dans un tiroir entrouvert. Or on voit mal quelle pression pourrait s’exercer sur Netanyahou s’il réussissait son nouveau coup de poker, mardi. Son élection validerait un discours inflexible à l’égard de la partie palestinienne.

A moins d’un coup de théâtre, il faut donc se résoudre à contempler la lente déliquescence, tout juste différée, du système Netanyahou. Et d’une société laminée par ses contradictions: bien que militarisée jusqu’aux gencives, elle paraît désarmée face à une misère endémique (un Israélien sur cinq vit sous le seuil de pauvreté), à des problèmes d’approvisionnement énergétique (pétrole, gaz naturel, eau potable) et à l’érosion de ses alliances stratégiques tant régionales (la Turquie en premier lieu) que du côté d’une diaspora juive de plus en plus exaspérée.

Opinions International Édito Roderic Mounir Israël 

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