Des femmes* unies pour leurs droits
Constitué en juin 2018, le collectif genevois pour la Grève du 14 juin regroupe plusieurs centaines de femmes* de tous horizons. Qu’elles soient militantes féministes ou simples citoyennes, étudiantes, vieilles dames, syndicalistes, mères ou migrantes, entre autres, elles s’organisent en groupes de travail pour porter haut la voix des leurs.
Mardi 5 mars, Maison des Associations. Jacqueline, membre du groupe de travail des Mères, prend la parole lors de la plénière qui, comme chaque mois, réunit les femmes du collectif. Elle évoque le cas d’Anna, licenciée à son retour de congé maternité et qui risque de perdre sa place en crèche. En tant que chômeuse, elle n’y est plus prioritaire alors que l’assurance chômage exige qu’elle dispose d’une garde pour son bébé. Audrey, du groupe de travail intersyndical, ajoute que ce type de licenciement abusif est fréquent et entraîne de grandes difficultés sociales, économiques et psychologiques pour les personnes concernées. Un flyer présentant les discriminations subies par les mères est d’ailleurs en cours de réalisation et les syndicats intègreront cette question dans les cahiers de revendication développés en vue de la Grève.
Au tour d’Aline et Marta, du collège Rousseau, de partager les avancées du groupe de travail constitué par les collégiennes. Elles dénoncent un environnement scolaire sexiste où les jeunes filles apprennent à cacher leur corps de peur d’être réprimandées. Les allusions graveleuses y sont monnaie courante de la part de certains professeurs. Les collégiennes réclament un cadre où elles se sentent respectées, en sécurité. Pour cela, elles incitent leurs camarades à participer à la Grève. Leur but est d’étendre la mobilisation à tous les établissements du secondaire II. Elles rappellent que le Département de l’instruction publique encourage les directions d’établissement à ne pas organiser d’examens le 14 juin.
C’est ensuite à Maryelle, du groupe des Vieilles dames indignes et indignées, d’évoquer la double discrimination rencontrée par les femmes* âgées dans une société atteinte de «jeunisme». Elle connaît de nombreuses retraitées obligées de recourir aux prestations complémentaires pour survivre. En effet, les femmes* assument souvent une part prépondérante de la charge familiale et parentale. De ce fait, elles connaissent plus d’interruptions dans leur parcours professionnel et travaillent plus souvent à temps partiel que les hommes. Ces situations impactent négativement la constitution de leur prévoyance vieillesse et peuvent les conduire à la précarité une fois à la retraite. Maryelle et ses compagnes lanceront donc une série d’actions auprès de la population âgée en vue de la Grève.
Noemi reprend la balle au bond. Les femmes* migrantes, elles aussi, souffrent de double discrimination! Souvent non couvertes par les assurances sociales, isolées et éloignées de leurs familles, elles constituent des proies faciles pour les employeurs abusifs. Les nombreux cas de travailleuses domestiques victimes d’exploitation, de harcèlement et d’abus sexuel en témoignent. Le groupe de travail international, dont Noemi fait partie, veut rendre cette problématique visible dans le cadre de la Grève et pousser l’ONU à prendre position le 14 juin.
Françoise rappelle l’adoption par le collectif genevois d’une charte prévoyant un fonctionnement horizontal pour rompre avec la verticalité hiérarchique du système patriarcal. Afin d’éviter toute personnalisation du mouvement par le biais de «leaders» autoproclamées, le collectif a également constitué une liste de femmes volontaires pour répondre à la presse à tour de rôle.
La réunion prend fin dans les acclamations et l’enthousiasme démultiplié des femmes* présentes. Rendez-vous est pris pour la prochaine plénière le 30 mars à 14 h.1>Toutes les femmes* qui le souhaitent sont invitées à se joindre à notre collectif. Venez nombreuses participer à nos rassemblements festifs les 14 de chaque mois à midi place Bel-Air pour un appel à la Grève au son des casseroles, mais aussi à notre groupe de chant féministe ainsi qu’à nos conférences et ateliers (plus d’infos sur notre page Facebook).
Ensemble, nous marchons pour nos droits et notre dignité!
Notes
Email: grevefeministe2019geneve@gmail.com; Facebook: @GFgeneve (Merci à Jacqueline Ricciardi Werlen, Aline Chapuis, Marta Simonett, Noemi Blazquez, Maryelle Budry, Françoise Nyffeler, Audrey Schmid, Kaya Pawlowska et Camille Selleger pour leur contribution à la rédaction de cet article.)
En Romandie comme dans le reste de la Suisse, divers collectifs de femmes* se sont constitués pour organiser la grève du 14 juin. Retrouvez les échos de ces préparatifs en page Regards jusqu’en juin. Prochain rendez-vous le 4 avril.