Édito

Mobilisation historique

Mobilisation historique 7
Manif à Lausanne, le 2 février 2019. KEYSTONE
Climat

C’est désormais dans le monde entier que des jeunes se mobilisent pour exiger des politiques concrètes contre le changement climatique. En Suisse, ils étaient déjà des dizaines de milliers le 18 janvier, puis le 2 février. Ils devraient être encore plus nombreux aujourd’hui. Et pas qu’ici, en Suède ou en Belgique. Ce vendredi 15 mars 2019, la Grève internationale du climat voit s’organiser des manifestations dans une centaine de pays: on s’attend au plus grand rassemblement planétaire d’étudiants de l’histoire.

Cette prise de conscience, ce mouvement politique naissant, déterminé, d’une jeunesse pourtant souvent décrite comme déconnectée de la réalité, est non seulement à saluer mais à soutenir et à accompagner. Qui mieux que les citoyens de demain peuvent secouer un monde politique et des puissances économiques louvoyant face à l’urgence écologique? Qui d’autre peut forcer le bras de groupes d’intérêts tellement obnubilés par le profit à court terme qu’ils vont jusqu’à nier la réalité, et saboter leur avenir? Car se sont bien eux qui payeront le prix des politiques actuelles, de la négation de l’évidence: notre mode de vie et notre système économique détruisent la planète.

Lobbys et grincheux répètent qu’il suffit de comportements «responsables», de gestes individuels ou «d’innovations technologiques» pour corriger le problème. Les jeunes adultes d’aujourd’hui prennent plus l’avion que ceux d’il y a vingt, trente ou quarante ans. Certes. Mais ils ont aussi des réflexes quotidiens et un comportement général bien plus respectueux de la nature que les générations précédentes. Des attitudes salutaires. Concrètes, d’abord, et qui conscientisent les prochains.

Cela ne suffit pourtant pas. Le problème de fond est systémique. Le consumérisme et le libéralisme effrénés mènent notre écosystème à sa perte. Le réchauffement climatique prouve, s’il le fallait, qu’une croissance infinie n’est tout simplement pas tenable avec des ressources limitées.

Un rapport de l’ONU présenté mardi au sommet du Programme des Nations Unies pour l’environnement, à Nairobi, rappelle que plus de 50% des émissions de gaz à effet de serre sont produites par l’extraction de matières premières. Le constat de l’étude est sans appel: il faut produire mieux et moins, au risque de voir s’effondrer le système mondial. Bref, changer impérativement et radicalement de logique et de modèle économique.

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