Édito

Après le show

Après le show
EPA/DEIBISON TORRADO
Venezuela

Le show pseudo humanitaire orchestré par Juan Guaidó et ses alliés à la frontière du Venezuela a fait un four. Les camions affrétés par Washington sont demeurés au Brésil et en Colombie, l’armée est restée fidèle au gouvernement et la population largement indifférente à la mise en scène, à l’exception des deux blocs antagonistes qui ont mobilisé leurs troupes, qui pour soutenir Nicolas Maduro, qui pour le conspuer.

L’échec (provisoire?) de cette première tentative de coup d’Etat humanitaro-politique en mondovision souligne l’écart existant entre les proclamations des adversaires du pouvoir vénézuélien et la réalité du terrain. Il ne suffit pas de se prendre pour le président, même «reconnu» par une quarantaine d’Etats parmi les plus puissants, pour exercer un pouvoir.

Un storytelling made in Washington auquel la plupart des médias occidentaux ont pourtant adhéré avec une ferveur sidérante et une âme de boy-scouts bien peu compatible avec leur mission journalistique. Qui réellement pouvait croire que la dizaine de camions chargés de vivres était là pour sauver un pays de 30 millions d’habitants? Qui peut supposer une seule seconde qu’une opération orchestrée par les gouvernements d’extrême droite au pouvoir à Brasilia, Bogota et Washington puisse vouloir porter secours aux plus pauvres?

Pour l’heure, le plan a échoué, et Nicolas Maduro en sort renforcé. Malgré le défi représenté par l’opération transfrontalière, le gouvernement est parvenu à maintenir son contrôle sur l’ensemble du territoire, tout en limitant les effusions de sang. Il est également parvenu à ressouder son camp face aux yankees. A contrario, l’opposition encaisse une énième désillusion, alors que pâlit déjà l’étoile de son nouveau leader.

Pour le gouvernement, le piège serait pourtant de se croire sur la bonne voie. Vexé par l’échec du week-end, Donald Trump menace de surenchérir. L’imprévisible président étasunien peut-il prendre le risque d’une guerre? Pas sûr. Mais l’armée vénézuélienne est-elle prête à résister jusqu’au bout à la partie de poker? A la moindre faille, la menace des geôles étasuniennes provoquerait des défections en cascade.

Surtout, coupé de ses voisins et des puissances occidentales, le Venezuela aura bien de la peine à résoudre sa profonde crise économique. Le salut passe par un accord avec les franges démocratiques de l’opposition. L’échec, ce week-end, du jusqu’au-boutiste Guaidó offre une opportunité.

Opinions Édito Benito Perez Venezuela

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Crise au Venezuela

mardi 26 février 2019
La pression monte sur le gouvernement de Nicolas Maduro, depuis que le leader de l’opposition, Juan Guaidó, s’est autoproclamé président avec le soutien des puissances occidentales.

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