Édito

Vale: le mauvais filon

Vale: le mauvais filon
La multinationale Vale a son siège à St-Prex, dans le canton de Vaud. KEYSTONE
Fiscalité des entreprises

Ce sont les deux revers d’une même médaille. D’un côté, les meurtrières ruptures de barrages miniers au Brésil – et autres fuites d’acide en Nouvelle-Calédonie ou pollutions dues à l’extraction de charbon au Mozambique… Et ici, sur la Côte, un siège rutilant dans un océan de verdure, implanté à coup d’exonérations fiscales.

La multinationale brésilienne Vale négocie depuis la Suisse des matières premières au coût humain et écologique injustifiable. On dénombre déjà 110 morts1>Bilan actualisé au soir du 31 janvier pour la dernière catastrophe en date, 19 lors de celle, similaire et dans la même région, de 2015. Elle avait pollué un fleuve sur 650 kilomètres et ravagé les villages sur son passage. Fin 2017, selon les informations du site Bastamag, les familles n’avaient toujours pas été indemnisées.

La droite assure que la société de St-Prex n’a rien à voir avec la catastrophe brésilienne. Mais que serait Vale sans les matières premières extraites à l’autre bout du monde et sans le régime lémanique si favorable à la santé fiscale des multinationales? Au vu de la politique suisse en la matière, la trop faible taxation des entreprises étrangères est toujours prête à refaire surface dans le débat public.

Tant que communes, cantons et Confédération feront le jeu du dumping fiscal international, la controverse ne faiblira pas. D’aucuns estiment que la RFFA (Réforme fiscale et financement de l’AVS) «redonnera des couleurs à l’engagement de la Suisse envers les droits humains» en supprimant les statuts spéciaux d’entreprises telles que Vale. Cette amélioration demeure insuffisante: bien des possibilités sont laissées aux multinationales pour rapatrier et défiscaliser une partie de leurs profits dans le pays.

Comment parvenir à rappeler ces entreprises à leurs responsabilités sociales, quand les gouvernements semblent leur manger dans la main? Vale a fait couler beaucoup d’encre pour l’arrangement passé avec le gouvernement vaudois, qui l’a exonérée de tout impôt durant plusieurs années et ce malgré des bénéfices faramineux.

Davantage de taxes n’auraient sans doute pas empêché les catastrophes à l’étranger. Reste que les millions de francs de cadeaux fiscaux à ce groupe lui ont permis de renforcer ses activités et sa position sur le marché minier international. La Suisse se rend donc coupable de la participation à la chaîne d’événements qui ont abouti à des morts et des pollutions ­irréversibles.

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