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Stigmatisation

Zerka Sahnoune estime que la loi sur la laïcité, bientôt soumise au vote, s’inspire de la loi française.
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Dans mon pays, ça craint d’être une femme. Je suis «surprotégée», même contre ma volonté, mais je ne me sens en sécurité nulle part. Acheter du pain, aller au restaurant, chez le dentiste, prendre un covoiturage, me marier à la mairie… L’appréhension de me faire jeter ou agresser ne me quitte jamais. Même en traversant la rue, je crains qu’un automobiliste extrémiste me fonce dessus. Ce sont pourtant des actes si simples pour les autres. Je ne vous parle même pas du marché de l’emploi où je suis à 99% certaine de me faire recaler, une fois ma tête vue par le recruteur, malgré mes diplômes.

Ce climat délétère, alimenté par les politiques et médias, règne depuis deux décennies, atteignant dernièrement un paroxysme jusqu’à craindre de se faire déshabiller de force à la plage. Cette peur totalitaire, présente partout dans ce pays duquel j’ai dû m’expatrier pour travailler, ce pays qui, pour me «libérer», me stigmatise tout en m’invisibilisant. Mon pays c’est la France et je porte le voile. Cela s’appelle un oxymore je crois et je ne veux pas que cela s’applique à la Genève tolérante et respectueuse que je connais. J’invite à refuser cette «Loi sur la Laïcité de l’Etat» d’inspiration manifestement française.

Zerka Sahnoune,
Bellegarde sur Valserine, France

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