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RFFA: salutaire débat

RFFA: salutaire débat
Action symbolique au pied du mur des Réformateurs, à Genève, pour lancer une semaine de récolte intensive de signatures organisée par le Comite référendaire, en décembre 2018. KEYSTONE/Salvatore Di Nolfi
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Le peuple tranchera. Un comité unitaire de gauche a déposé jeudi quelque 55’000 signatures (sur les 50’000 paraphes nécessaires) pour que le prétendu compromis négocié entre le Parti socialiste suisse (PS), le Parti démocrate-chrétien (PDC) et le Parti libéral-radical (PLR) soit soumis au peuple.

Une bonne chose. Tout d’abord, le lien fait entre financement de l’AVS – le paquet prévoit une somme de 2 milliards supplémentaires ponctionnée dans les caisses de l’Etat – et les cadeaux fiscaux aux grandes entreprises est pour le moins curieux. Un avis de droit avait d’ailleurs été demandé au parlement sur la légalité d’une manœuvre qui frise le code.

Surtout, du moins dans une optique de gauche, cette baisse d’impôts va à rebours du bon sens. On fait un cadeau de 2 milliards de francs à des grandes entreprises qui n’en ont nul besoin (les PME, elles, ne sont généralement pas imposées sur leurs bénéfices, ceux-ci étant trop bas). Une violation du principe redistributeur de l’impôt qui consiste à prendre l’argent où il est et un ralliement à la théorie néolibérale du ruissellement des richesses. Rendons les riches plus riches, un peu de cette manne finira bien par retomber sur les autres.

Cette logique mène à la liquidation du rôle social de l’Etat. La Suisse est déjà sous-dotée en la matière – essayez de trouver une place en crèche. Et, lorsqu’il faudra bien se refaire, ne serait-ce que pour financer la répression d’Etat, on prendra sur les revenus du travail, ou l’on créera des taxes écologiques. On voit le résultat en France, en situation de quasi-jacqueries.

La campagne qui va maintenant se mener jusqu’au 19 mai, date du scrutin, sera importante. Elle permettra de parler de justice fiscale et de mettre en lumière le rôle prédateur de la Suisse en matière d’impôt. Car ces entreprises – que l’on accueille aujourd’hui à coup de statuts spéciaux et demain en leur aménageant des niches fiscales – représentent autant de manque à gagner pour les pays dépouillés de la sorte. Cela devra bien cesser un jour.

Le rapport de force est aujourd’hui même un peu plus favorable que pour un scrutin comparable: Prévoyance vieillesse 2020 (PV 2020). Les Verts, dont l’assise est nationale, ont refusé de se laisser une nouvelle fois entraîner dans un douteux compromis. Et les électeurs auront sans doute à l’esprit que les dix plaies qui devaient s’abattre sur la Suisse en cas de non à PV 2020 ne se sont pas réalisées après le refus le 24 septembre 2017 de cet objet par 53% des votants. La droite n’a pas osé augmenter l’âge de la retraite à 67 ans comme le promettaient, avec assurance pourtant, les pythies qui défendaient cet objet.

Opinions Philippe Bach RFFA

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