Édito

Loterie perdante pour les femmes

Loterie perdante pour les femmes
"Comment expliquer que les mêmes soins soient intégralement remboursés pour une grossesse menée à terme quand une fausse couche justifiera de faire payer la patiente?" Photo prétexte. Keystone
Santé

Désirée ou non, interrompue ou pas, la grossesse est une affaire à laquelle une grande majorité des femmes est confrontée au cours d’une vie. Et, en Suisse, toutes ne sont pas égales à l’heure des comptes; une situation source de profondes injustices et de souffrance dans des périodes de vie parfois difficiles.

Comment expliquer que les mêmes soins soient intégralement remboursés pour une grossesse menée à terme quand une fausse couche – selon qu’elle advienne avant ou après la treizième semaine et selon la caisse maladie – justifiera de faire payer la patiente? Le dénouement d’une grossesse est aléatoire: une femme enceinte sur cinq est frappée par une fausse couche avant cette fameuse treizième semaine.

Dans un pays à faible natalité comme la Suisse, les initiatives visant à aider les familles – même en devenir – ont toute leur raison d’être. Ne pas leur mettre des bâtons dans les roues est un minimum. Mais l’actuelle couverture des assurances-maladie pénalise les femmes qui ont le «mauvais goût» de ne pas parvenir à mener leur grossesse à terme. Avec un message d’une violence inconcevable: «Tu n’y es pas arrivée. Alors tu payes.» Les assureurs ont beau jeu d’invoquer un flou juridique pour justifier cela. En réalité, c’est la prise en charge de la santé des femmes dans sa globalité qui fait défaut. Pour les moins aisées d’entre elles, du moins. Les questions de santé reproductive ou sexuelle sont fondamentales. La Suisse semble pourtant incapable de garantir à la moitié de sa population un juste accès à ces soins, l’esprit serein.

Deux initiatives proposées par les Verts dans les cantons de Vaud et de Neuchâtel veulent rétablir l’égalité de traitement pour les mêmes gestes médicaux, quelle que soit l’issue de la grossesse.

Ce serait la moindre des choses. Le parlement entrera-t-il seulement en matière? On connaît sa servitude envers les intérêts des caisses maladie et sa surdité face à la précarité de nombreux citoyens. Il est donc essentiel d’accompagner ces initiatives, de mettre la pression pour rétablir une certaine équité. Que des femmes traversant la douleur de perdre un enfant en devenir ne doivent pas, en plus, passer à la caisse.

Opinions Édito Laura Drompt Santé

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