Chroniques

Airbnb quitte les territoires occupés

AU PIED DU MUR

Nouvelle victoire pour le mouvement Boycott, désinvestissements, sanctions (BDS). Airbnb, la plateforme internationale de location de logements de particuliers, vient d’annoncer qu’elle ne proposera plus de chambres dans les territoires occupés. Par cette décision, Airbnb rappelle au monde entier qu’il y a une ligne verte qui sépare Israël de ses extensions coloniales, et qu’un territoire occupé, même après un demi-siècle, n’est pas un lieu approprié pour passer ses vacances. Ainsi s’avère-t-il que même dans le monde des affaires, une certaine éthique existe encore. Nous ne pouvons que nous en réjouir. Ce qui n’est pas le cas des autorités israéliennes.

Comme on pouvait s’y attendre, les colons sont fous de rage et font feu de tout bois: «Je ne sais ce que signifie une telle décision, si ce n’est tout simplement de l’antisémitisme», affirme le propriétaire d’un studio de location Airbnb dans la colonie d’Adei-Ad, près de Naplouse. «Shoah», «antisémitisme», «sélection» [en référence aux tris de déportés juifs pratiqués par le médecin nazi Josef Mengele dans le camp de Birkenau]… Les colons et leurs mentors au gouvernement n’hésitent pas à instrumentaliser le génocide des juifs d’Europe pour dénoncer ce qui n’est somme toute que l’application du droit international. C’est le cosaque qui crie «au voleur!», selon la vieille expression des juifs de Pologne.

Ces nouveaux «cosaques» ont reçu le soutien inconditionnel du gouvernement israélien, via le ministre des Affaires stratégiques, Gilad Erdan, responsable de la lutte contre BDS, qui s’élève contre ce qu’il nomme une «initiative raciste». Ce dernier appelle les victimes de la décision d’Airbnb à porter plainte contre la plateforme de location. Quant au ministre du Tourisme, Yariv Levin, il promet de créer un site alternatif spécialisé dans la location dans les colonies. Permettons-nous de lui suggérer un slogan attractif: «Venez passer vos vacances à Adei-Ad, à Shilo ou à Kedoumim: immersion garantie dans le quotidien réservé aux Palestiniens. Verre de vin offert par le propriétaire.»

Pour Gilad Erdan, lutter contre la colonisation, c’est lutter contre Israël; et lutter contre Israël, c’est de l’antisémitisme, du nazisme. Le sang des 6 millions de juifs victimes du nazisme, devenu – ô combien – bon marché, sert d’alibi à des vols caractérisés et à ce que la IVe Convention de Genève définit comme des crimes de guerre.

La décision d’Airbnb suit la publication conjointe, par Human Rights Watch et l’ONG israélienne Kerem Navot, d’un rapport au titre significatif: «Bed and breakfast sur des terres volées». Cette démarche constitue une victoire de plus dans la campagne internationale BDS – victoire encore renforcée par les réactions hystériques de Gilad Erdan.

Militant anticolonialiste israélien, fondateur du Centre d’information alternative (Jérusalem/Bethléem).

Opinions Chroniques Michel Warschawski

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lundi 8 janvier 2018

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