Sombre vendredi
A l’heure où l’humanité devrait ruminer son plan pour cesser de vivre à crédit sur une planète aux ressources finies, la voilà croulant sous l’avalanche de publicités pour le «Black Friday». Occasion importée des Etats-Unis, où le vendredi suivant Thanksgiving est un prétexte à de gigantesques soldes.
Globalisation et réseaux sociaux aidant, la folie du Black Friday a envahi les magasins, les espaces publicitaires et les têtes. Qui aurait pensé que l’Unicef finirait par en appeler au Black Friday sur les réseaux pour récolter des dons en faveur du Yémen, photo d’enfant souffrant de la famine à l’appui?
Heureusement, il est possible de résister. Par la journée sans achats (Buy nothing day en bon français) qui tombe le dernier vendredi ou samedi de novembre par exemple. D’aucuns encouragent à profiter de l’occasion pour réparer plutôt que racheter. Quant aux entreprises, certaines s’engagent à ne pas faire de rabais particulier. D’autres à reverser une partie de leurs gains pour des actes caritatifs. Louable, cette opération ressemble tout de même à la récupération marketing d’un événement fort peu éthique. Comme si souvent, la tentation sera de tout faire peser sur les consommateurs. A eux de se raisonner dans un univers où tout les pousse à l’achat. Produire. Consommer. Jeter. Pour sortir de ce cercle infernal, il faudra bien, un jour, remettre en cause l’ensemble de la chaîne marchande. Et pas uniquement son dernier maillon.