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«Une économie innovante inspirée de la nature»

La chambre genevoise de l’économie sociale et solidaire, APRÈS-GE, organise prochainement une rencontre sur le thème ­«Ecologie industrielle et biomimétisme». ­L’occasion d’en savoir plus sur ces pratiques de management environnemental.
Conférence

Le dernier rapport du GIEC publié ce 8 octobre a reçu bien peu d’écho. Il nous alerte une nouvelle fois sur la catastrophe climatique à venir, en dessinant cette fois-ci très précisément ses conséquences sociales et environnementales, avec un réchauffement à 1,5°C ou 2°C au-dessus des températures pré-industrielles.

Il devient toutefois évident pour l’opinion publique que le mode de production et de consommation dominant est désormais dépassé, avec deux réactions parfois contradictoires: d’un côté, on nous assure que l’humanité va trouver son salut dans l’innovation technologique: «smart metering», objets connectés, internet des choses (IoT), industrie 4.0. De l’autre, ce sont nos modes de vie et notre rapport à notre environnement qui sont remis en question: sobriété volontaire, décroissance, éco-spiritualité.

L’écologie industrielle et le biomimétisme se situent à l’intersection de ces deux tendances et proposent des réponses à ces questions: comment concilier efficacité écologique et efficience économique? Et comment passer d’une économie linéaire (production, consommation, élimination des déchets) à une économie circulaire (éco-conception, consommation durable, allongement de la durée d’usage, et réutilisation des déchets en tant que ressources)?

L’écologie industrielle consiste à analyser les flux d’énergie et de matière à une échelle suffisamment importante pour permettre de faire coïncider les rejets de certaines activités avec des besoins en matières premières. A Genève, c’est essentiellement le secteur tertiaire qui est concerné: mutualisation d’infrastructures, d’équipements, de ressources et de services. En outre, nombre d’entreprises de l’économie sociale et solidaire sont des pionnières au regard de ces dynamiques novatrices, comme Terrabloc (fabrication de briques avec la terre d’excavation), la collaboration entre Geminoh et la brasserie l’Apaisée (utilisation des drêches du brassage de bière comme substrat de production de champignons), ou matériuum (revalorisation du matériel des installations culturelles). En résumé: «Faisons de nos déchets des ressources, et de ces processus des activités économiques».

Le biomimétisme est un processus d’innovation qui considère la nature comme une réserve de connaissances permettant de développer des activités économiques cohérentes avec les capacités de charges environnementales. Des exemples parlants sont l’inspiration de la structure du chardon pour le velcro, de la peau du gecko ou du requin pour une adhérence maximale ou une meilleure pénétration sous l’eau, ou la bioluminescence, soit une conversion d’énergie chimique en énergie lumineuse inspirée du fonctionnement de champignons. Somme toute, le comte Pacôme de Champignac remis au goût du jour. Attention cependant à ne pas tomber dans le fantasme simpliste en recopiant aveuglement la nature et ses millions d’années d’évolution. Il serait fort regrettable de voir la nature se faire piller en tant que ressource de connaissances, comme c’est le cas actuellement en tant que ressource matérielle. C’est au contraire une belle opportunité de faire évoluer cette relation.

* Responsable du pôle «Promotion et développement de l’économie sociale et solidaire», APRÈS-GE.

Rencontre sur le thème ­«Ecologie industrielle et biomimétisme», lundi 12 novembre à 12h15 à Uni Mail (amphi MS160), 40, bd du Pont-d’Arve, Genève. Entrée libre. Participant-e-s: Antonio Hodgers (conseiller d’Etat en charge du Territoire, GE), Dominique Bourg (philosophe, professeur à l’UNIL), Fanny Bernard (responsable développement économique, APRÈS-GE), Marc Sneiders (chef de projet, Fondation pour les terrains industriels de Genève – FTI) et David Martin (consultant senior, SOFIES).

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