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Une décision malvenue

Pierre Strauss commente la suspension d’un cours à la HEP (Haute Ecole pédagogique du canton de Vaud) à Lausanne.
Enseignement

Que la conseillère d’Etat Cesla Amarelle soit intervenue cet été pour demander à la HEP de suspendre le séminaire «1948: connaître et enseigner la Nakba palestinienne» m’a choqué. Elle l’a fait pour que soit respecté l’équilibre des points de vue. Quel déséquilibre elle a provoqué! Je suis tenté de dire que là, l’élue vaudoise a commis une faute professionnelle. Et elle l’a fait sous la pression d’une dizaine de per-sonnes, dont le professeur Jacques Ehrenfreund, titulaire de la chaire d’histoire des Juifs et du judaïsme à l’université de Lausanne, qui ne semble enseigner que la version officielle de l’histoire juive, puisque son intervention visait à empêcher ses deux collègues, Ilan Pappé et Shlomo Sand, internationalement recon-nus pour leur travaux sur l’autre versant de l’histoire juive, de présenter les résultats de leurs recherches à ce séminaire de formation continue pour des enseignant-e-s.

Si les autorités de l’Etat d’Israël et ceux et celles qui les suivent persistent depuis septante ans à ne vou-loir laisser circuler que la version officielle des événements de 1948 et des décennies suivantes, n’est-il pas précisément du devoir d’autres personnes de mettre en lumière, au nom de l’équilibre en historiogra-phie, les effets négatifs de la politique israélienne? Si Israël ne veut pas voir les ombres de sa politique, il en faut qui montrent au grand jour les conséquences inhumaines (La Nakba – «la catastrophe») de l’action politique de l’Etat hébreu pour plus de 700 000 Palestinien-ne-s.

Que la conseillère d’Etat responsable de la formation cède à la pression d’une dizaine de personnes sans prendre le recul nécessaire me déçoit. Sa décision de suspendre ce cours pourrait être interprétée comme si Madame Amarelle ne faisait pas confiance aux enseignant-e-s qu’ils/elles ne sauraient faire la part des choses.

Pierre Strauss, Genolier (VD)

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