Cyclistes dans la circulation: égalité et équité
Le comité de Pro Vélo Riviera se félicite de l’accueil très favorable réservé par les citoyennes et citoyens au contre-projet à «l’initiative vélo» le dimanche 23 septembre (73,6% de oui au niveau suisse; 86,3% dans le canton de Vaud, 83,1% à Genève pour les deux champions suisses du oui). L’entrée du vélo dans la Constitution est ainsi affirmée clairement. Il s’agira maintenant de passer aux actes, c’est-à-dire de développer des modalités qui favorisent la fluidité et la sécurité du trafic cycliste en harmonie avec les autres usagers.
Et les cohabitations ne sont pas toujours confortables pour les un-e-s et les autres actuellement: pendant la campagne, des voix – assez rares, il est vrai – ont manifesté une certaine grogne contre des comportements de cyclistes qui ne respectent pas des feux rouges, roulent sur des trottoirs, empruntent des sens uniques, etc. Un argument revient souvent dans ces commentaires: les règles de la circulation sont les mêmes pour tous et chacun doit les respecter à l’identique. Le principe convoqué par ce raisonnement est alors celui de l’égalité, qui est naturellement fondamental dans toute démocratie.
Pourtant, les usagers du domaine public ne sont pas égaux. Face aux risques notamment, les piétons sont vulnérables devant les autres usagers, les cyclistes devant les deux roues motorisées et les automobiles. Les autorités en sont conscientes et proposent alors des aménagements pour chercher à compenser certaines inégalités. On convoque ainsi un autre principe, celui d’équité. Comme celui d’égalité, il est également un socle des sociétés démocratiques: il a pour but d’apporter un supplément de justice, notamment aux plus fragiles1>A l’image, dans un autre domaine et à titre d’exemple, des bourses d’études censées compenser les inégalités financières d’accès à la formation..
Revenons à la situation des cyclistes dans un environnement urbain: égalité ou équité? Ils sont confrontés – comme les piétons d’ailleurs – à un fonctionnement conçu et développé depuis les années 1950 pour la voiture. Les règles et moyens sont mis en place à l’échelle de cette dernière. Les feux, les giratoires, les sens uniques sont proposés pour structurer les flux automobiles. La mobilité cycliste a d’autres besoins: sécurité, rapidité, proximité, fluidité, tout en nécessitant relativement peu de place.
Dans ce contexte, il est parfois difficile pour les cyclistes de prendre les règles de circulation au pied de la lettre et la tentation individuelle est grande d’insuffler de la souplesse face à des fonctionnements développés pour les automobiles.
Ces réflexions ouvrent deux perspectives concrètes. D’une part, celle souvent évoquée dans la campagne concernant des aménagements spécifiques aux vélos tels que pistes et bandes cyclables, sas de présélection pour les carrefours, etc. D’autre part, celle concernant les règles elles-mêmes qui pourraient dans certains cas être adaptées. Cette piste est timidement explorée actuellement, à l’exemple de l’ouverture d’un trottoir à la montée aux vélos dans des espaces périurbains ou du droit pour les cyclistes de franchir les feux lorsqu’ils tournent sur la droite dans certains carrefours, bien sûr dans le respect absolu des piétons (le Conseil fédéral vient de confirmer ce projet).
Ces perspectives, développement des aménagements spécifiques et évolution de la réglementation, permettent de dépasser l’opposition égalité ou équité… et d’avancer vers des projets qui promeuvent l’égalité et l’équité entre toutes et tous.
Notes
* Cycliste en ville et campagne et membre du comité Pro Vélo Riviera