Édito

Climat: le libre-échange nous conduit à la ruine

Climat: le libre-échange nous conduit à la ruine
Une usine de charbon au Wyoming, États-Unis. KEYSTONE
Réchauffement climatique

Le rapport publié lundi par le GIEC confirme que la maison brûle et qu’il est temps d’agir. Le seuil des 2 degrés de réchauffement climatique à éviter à tout prix – sous peine de dégâts irréversibles: montée des eaux, extinction massive des espèces ou encore destruction d’écosystèmes – est rentré dans le discours politique. En théorie. Dans les faits, l’immobilisme et la passivité des gouvernements, aveuglés par les lobbies des industries les plus polluantes, nous mènent au bord du gouffre.

Il est temps d’agir à la source du problème, au-delà de campagnes de sensibilisation poussant les citoyens lambda à opter pour des ampoules led, éviter les sachets plastique à usage unique ou payer une «compensation» carbone d’un voyage en avion – low cost ou non. Pour une de ces campagnes, combien de publicités pour une nouvelle voiture – presque – pas polluante, un voyage à quelques centaines de kilomètres au prochain week-end prolongé, un menu de fast-food emballé dans du plastique et du papier destiné à la première poubelle venue? Combien de pubs et de rabais pour l’eau en bouteille au pays de Nestlé?

Comme le résume Noam Chomsky1>Interview conjointe avec Graciela Chichilnisky parue sur le site truthout.org en septembre 2016., les solutions réalistes et immédiates existent: «L’arrêt rapide de l’utilisation d’énergies fossiles, l’augmentation drastique de leurs pendants renouvelables (…) et une critique radicale du modèle capitaliste de l’exploitation des humains et des ressources.» Car qui trouve-t-on parmi les entreprises les plus puissantes du monde? Des banques qui investissent des milliards dans les technologies fossiles, des géants de l’industrie pétrolière, de l’aéronautique, de l’automobile… Les Etats signent les accords de Paris d’une main et tressent des lauriers à ces mêmes entreprises de l’autre. Ils abattent les taxes sur des biens de consommation apportés par cargos depuis l’autre bout du monde, s’extasient sur des accords de libre-échange qui encouragent l’import-export de viande, d’huile de palme, de soja, d’acier, de bois, etc., sur des milliers de kilomètres.

Si changer les ampoules led des citoyens lambda est vertueux, régulons enfin drastiquement les industries les plus polluantes de la planète. Arrosée par la production pétrolière mondiale, leur soif de croissance perpétuelle semble inextinguible et seul un corset de décisions politiques courageuses permettra de la ­limiter.

Il est temps d’ouvrir les yeux sur l’incompatibilité d’un système ultralibéral, basé sur l’accaparement et la concentration des richesses, avec la survie des écosystèmes.

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