Suisse

Appel à boycotter l’Eurovision en Israël

Une pétition signée par de nombreux artistes suisses demande le retrait de la SSR de la prochaine édition de l’Eurovision.
Appel à boycotter l’Eurovision en Israël
L’Eurovision a lieu traditionnellement dans le pays ayant remporté le dernier trophée – la chanteuse israélienne Netta Barzilai a gagné l’édition 2018. Keystone
Pétition

«Pas de chanson pour l’apartheid.» Michel Bühler avait annoncé son lancement dans sa chronique du 18 septembre dernier dans Le Courrier: une pétition exige le retrait de la Société suisse de radiodiffusion (SSR) de la 64édition de l’Eurovision, qui doit se tenir en Israël en mai 2019. «Parce que la musique ne doit pas servir à faire oublier les crimes contre le peuple palestinien», clame le texte. Les signataires refusent que la redevance payée par les contribuables «soit utilisée pour soutenir des politiques inhumaines». Ils appellent aussi les compositeurs, paroliers et interprètes à ne pas prendre part à la compétition.

Tout le monde peut signer la pétition, mais ses initiateurs – Michel Bühler et l’antenne romande de la campagne Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS), avec divers acteurs culturels rassemblés sous la bannière «No Song for Apartheid» – ont pris soin de constituer un socle d’artistes connus du public. Une centaine, dont beaucoup de musiciens: la rappeuse La Gale et ses collègues Jonas et Rootwords, les chanteuses alémaniques Heidi Happy et Evelinn Trouble, les chanteurs Pierre Lautomne, Stéphane Blok et Le Bel Hubert. Egalement signataires, l’auteur et metteur en scène Dominique Ziegler, les cinéastes Francis Reusser, Zoltan Horváth et Frédéric Choffat, les deux fondatrices du Théâtre des Osses, Gisèle Sallin et Véronique Mermoud, ou encore la danseuse Tamara Bacci.

La SSR prend acte

L’Eurovision a lieu traditionnellement dans le pays ayant remporté le dernier trophée – la chanteuse israélienne Netta Barzilai a gagné l’édition 2018. «On ne peut pas aller chanter dans ses plus beaux habits à Tel-Aviv, tout près de là où les civils palestiniens sont asphyxiés», s’insurge Michel Bühler, contacté par Le Courrier. Conscient que l’arme du boycott et le terme «apartheid» ne font pas l’unanimité, il réfute avec vigueur l’amalgame antisioniste/antisémite: «On peut être antinazi tout en ayant de la sympathie pour le peuple allemand.»

La SSR prend acte, mais insiste sur le caractère «apolitique» de l’Eurovision. «C’est l’un des rares événements internationaux qui réunit pacifiquement des personnes de cultures, religions et nationalités différentes (…) La Suisse maintient sa participation à l’édition 2019.» La tenue en Israël de la compétition, dans le contexte de la répression meurtrière de la «Marche du retour» à Gaza et de l’inscription du caractère prioritairement juif de l’Etat d’Israël dans sa loi fondamentale, fait polémique. Une pétition publiée dans le Guardian a récolté plus de 140 signatures d’artistes internationaux.

Suisse Roderic Mounir Pétition BDS Israël Eurovision SSR

Autour de l'article

Connexion